Comment reconnaître la porcelaine de la Compagnie des Indes ?

Courante dans nombre de successions, très souvent rencontrée en brocante par les collectionneurs, la porcelaine de la Compagnie des Indes est un terme à ce point générique qu’il désigne en réalité nombre de pièces.

Dès le XVIIe siècle, l’Europe se passionne pour la porcelaine de Chine. Les grandes fortunes, rois, princes et autres grands bourgeois s’arrachent ces céramiques fines, à l’émail translucide et aux airs d’un Extrême-Orient lointain rêvé.

Quelles sont les porcelaines les plus recherchées ? Quelle est la valeur réelle de votre pièce ? Comment bien acheter cette porcelaine très spécifique pour fonder la meilleure des collections ?

Plongez dans l’histoire et l’art de la porcelaine de la Compagnie des Indes !


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Qu’est-ce que la porcelaine de la Compagnie des Indes ?

Définition et origine

La porcelaine dite « de la Compagnie des Indes » désigne en réalité la porcelaine chinoise d’exportation, produite en Chine principalement au XVIIIe siècle et vendue en Europe par les différentes Compagnies des Indes Orientales.

Assiette en Porcelaine de la Compagnie des Indes

Cette appellation, bien que courante, est un nom générique qui ne se réfère pas à une manufacture spécifique, mais plutôt à un type de commerce et à des caractéristiques stylistiques et techniques bien particulières. Définir le plus simplement du monde la porcelaine de la Compagnie des Indes reviendrait à dire qu’il s’agit d’une porcelaine destinée à l’exportation créée en Chine selon les techniques secrètes millénaires jalousement gardées par l’Empire du Milieu essentiellement à destination des puissances européennes.

L’essor des importations au XVIIe et XVIIIe siècle

La pratique de l’exportation des porcelaines de la Compagnie des Indes naît au XVIIe siècle. Durant ce dernier, le commerce entre l’Europe et l’Asie se développe considérablement, sans doute favorisé par les nouvelles routes maritimes découvertes à la faveur des grandes explorations de la Renaissance.

Parallèlement le goût pour l’exotisme et le développement des cabinets de curiosité ont créé une demande toujours plus importante pour les pièces venues d’Orient et d’Extrême Orient. Outre les épices prisées dès l’époque médiévale, la porcelaine, la soie et le thé vont également devenir l’objet de toutes les convoitises.

Les différentes puissances européennes vont dès lors mettre en place leur propre compagnie nationale d’import-export de marchandises d’Extrême Orient.

Menées par les Hollandais, premiers à créer leur propre compagnie nationale, on retrouve également Anglais et Français dans l’exploitation de ce commerce. Plusieurs sociétés célèbres voient le jour à cette période :

  • La VOC pour les Hollandais
  • L’EIC pour les Anglais
  • La Compagnie Royale des Indes Orientales pour les Français (créée en 1664 mais il faut bien le dire avec un certain retard !)

La porcelaine est alors particulièrement onéreuse. Son secret de fabrication, qui ne sera connu que près d’un siècle après, fait flamber le montant des transactions, et c’est à prix d’or que des pièces plus ou moins qualitatives sont échangées sur le marché. La demande est si forte qu’elle poussera la Hollande et les autres nations européennes à tenter d’imiter en vain son aspect si fin et mystérieusement translucide.

La porcelaine de la Compagnie des Indes comme on l’appelle aujourd’hui est dès lors essentiellement l’apanage des grandes fortunes et l’on va jusqu’à créer des cabinets de porcelaine afin de les exposer.

Posséder d’authentiques porcelaines de Chine c’est encore exposer sa richesse : l’entreprise de les rapporter en Europe est dangereuse, extrêmement coûteuse et surtout lente… très lente. D’après mes estimations, la durée certes variable en fonction des époques pouvait aller jusqu’à 22 mois pour effectuer l’aller-retour avec un taux de perte de navire qui bien que lui aussi variable, pouvait osciller entre 10 et 20 % de la flotte totale.

Porcelaine de la Compagnie des Indes - Cale de bateau

Nota Bene: Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, la VOC aurait perdu pas moins de 630 navires sur un total de 4 770 soit 13 % environ de sa flotte. 

La croissance des exportations de porcelaine de Chine en direction de l’Ouest sur toute la période est exponentielle avant de décliner au XIXe siècle.

Pour les seules années comprises entre 1680 et 1685 pas moins de 360 000 pièces furent exportées pour le seul cas de la France. Au XVIIIe siècle, les chiffres explosent ! On estime que plus de 60 millions de porcelaines furent envoyées en Europe toutes compagnies confondues avec pour la seule VOC entre le XVIIe et le XVIIIe siècle 12 millions de pièces !

L’émergence de manufactures de porcelaine en Europe sonnera la fin de la toute-puissante hégémonique des Compagnies des Indes, permettant de mettre fin à leur monopole sur le marché des porcelaines. Notons également le démantèlement progressif de certaines d’entre elles : la France abandonnera sa compagnie étatique entre 1791 et 1795, cette dernière étant progressivement liquidée au profit d’investisseurs privés.

Différence entre porcelaine chinoise et porcelaine européenne d’imitation

La porcelaine chinoise était extrêmement coûteuse avant de se démocratiser au XIXe siècle. Bien entendu, les Européens ont su trouver une solution à ce problème : l’imitation par le biais de manufactures installées dans différents pays d’Europe essentiellement en Hollande, en France, en Allemagne et en Angleterre. 

Les premières imitations étaient assez médiocres: aussi un œil exercé reconnaîtra sans mal une véritable porcelaine de la Compagnie des Indes.

Pour autant la distinction peut être plus complexe lorsque le décor s’inspire des motifs européens: en effet, l’engouement créé par la porcelaine a conduit les grandes fortunes à commander directement aux ateliers chinois des pièces arborant des décors appréciés à l’époque en Europe. Aussi a-t-on vu apparaître sur nombre de porcelaines d’export des motifs tels que des scènes à l’Antique ou des scènes de genre, des armoiries et autres emblèmes ou allégories et parfois même des portraits.

Ainsi la distinction peut être plus difficile à établir et connaître les différents styles restera la meilleure façon de différencier ces pièces. 

Nota Bene: Une imitation de la porcelaine de la Compagnie des Indes a souvent moins de valeur qu’une pièce authentique. Pour autant elle n’en reste pas moins un objet d’époque. Ainsi ne faut-il pas toujours détourner le regard: de très belles pièces d’imitation ont circulé et elles peuvent présenter un véritable intérêt de collection. 

Différences avec les productions de Sèvres, Meissen ou Delft

La porcelaine de Chine est incomparable et ce, même pour les pièces d’export arborant des décors à l’européenne.

La matière et la cuisson

Tout d’abord par la matière elle-même : principalement composée de kaolin et de petuntse (pierre feldspathique, ou silice/feldspath/calcium) la porcelaine chinoise ou porcelaine dure est cuite à très haute température, généralement autour de 1350°C. Ce mode de cuisson que la composition de la pâte permet de supporter, aboutit à un matériau dur, translucide, très blanc, léger et non poreux. La chaleur produit une vitrification complète ce qui confère à la pièce une grande solidité.

La découverte du secret en Europe

Le secret de la porcelaine de Chine est longtemps resté un mystère à l’Ouest et ce n’est qu’au XVIIIe siècle que ce dernier sera percé à jour en Saxe, en Allemagne dans les environs de Dresde. À la suite de cette découverte est fondée en 1710 la manufacture de Meissen, la première à produire en Europe de la porcelaine dure.

En France, la production de ce type de céramique n’a commencé qu’après la découverte d’un gisement de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche, près de Limoges, vers 1768. La Manufacture de Sèvres a alors commencé la production de porcelaine dure, suivie de la création des manufactures de Limoges en 1771.

Pâte dure vs. pâte tendre

Que déduire de cela ? Évidemment que les imitations antérieures ne sont tout simplement pas en porcelaine dure ! Autrement dit, un premier moyen simple de différencier les deux types de productions.

Les imitations européennes que l’on appelle aussi pâte tendre étaient principalement faites de mélanges variés à base de silice et de plomb, mais sans kaolin (ou avec des quantités minimes initialement). La pâte obtenue étant moins résistante à la chaleur et donc ne supportait qu’une cuisson à des températures plus faibles que la porcelaine dure chinoise. Une fois sortie du four, la pièce était de fait moins résistante à la chaleur. Elle était par ailleurs plus tendre et se rayait plus facilement que la porcelaine chinoise.

Porcelaine à pâte tendre

Reconnaître les imitations : astuces pratiques

Afin de différencier ces imitations des porcelaines de la Compagnie des Indes authentiques voici quelques astuces :

  • La sonorité de la pièce : faites sonner la porcelaine en donnant un léger coup à l’objet: si le son est cristallin et prolongé c’est bon signe. À l’inverse un son mat et court indique en l’absence de dommage particulier une pâte plus épaisse et plus dense qui ne correspond pas au travail des ateliers chinois.
  • Le décor : les imitations peinent souvent à traduire la symbolique des scènes chinoises authentiques. Incohérences et motifs chinoisants sont légion sur ces pièces, ce qui n’est pas le cas sur des céramiques de fabrication chinoise.
  • Les marques : on ne les rencontre jamais sur des porcelaines destinées à l’exportation. En revanche, on en trouve souvent sur les imitations européennes (Delft, Meissen, Sèvres etc).

Les caractéristiques typiques de la porcelaine de la Compagnie des Indes

Les formes les plus courantes (services, assiettes, vases, théières, etc.)

La porcelaine de la Compagnie des Indes, ou plus justement la porcelaine d’export est, on l’a dit, une porcelaine de commande qui répond à un goût et des besoins venus d’Occident. Ainsi les formes les plus courantes sont celles de la vaisselle de table et de service à boisson, car le thé, le café et le chocolat sont devenus très populaires en Europe au cours du XVIIIe siècle. Si au XVIIe siècle la porcelaine de Chine est si coûteuse qu’on l’expose plus qu’on ne l’utilise, la quantité considérable de pièces qui inondent le marché européen au XVIIIe siècle conduit à un usage réel des pièces qui n’en restent pas moins une démonstration d’opulence pour leur propriétaire.

On peut classer les formes les plus courantes en trois grandes familles que sont:

1. La vaisselle de table

  • Assiettes et plats qui constituent l’essentiel de la production :
    • Formes dondes classiques.
    • Formes octogonales, polygonales ou chantournées (à bord lobé ou ondulé), qui étaient très en vogue en Europe.
    • Plats de service (ronds ou ovales/octogonaux) et plats de présentation.
  • Soupières et terrines, bien souvent avec des prises (poignées) et des boutons de couvercle en forme de fruits, de légumes, ou d’animaux, conçues dans un style occidental (forme rocaille, ovale ou octogonale).
  • Saucières et moutardiers.
  • Saladiers et coupes à punch.
Porcelaine de la Compagnie des Indes - Terrine

2. Les services à boisson (thé, café, chocolat)

  • Tasses et soucoupes :
    • Tasses sans anse (bols à thé), très courantes au début.
    • Tasses avec anse (pour le café ou le chocolat).
    • Les soucoupes.
  • Théières et cafetières : De formes diverses (souvent rondes ou en poire), adaptées pour conserver la chaleur.
  • Pots à lait (crémiers) et pots à sucre.
Théière en porcelaine de La Compagnie des Indes

3. Les pièces de décoration et d’ornement

Bien que moins fréquentes que la vaisselle, elles étaient aussi très demandées.

  • Vases : souvent des formes inspirées de modèles occidentaux ou des vases chinois traditionnels comme le vase rouleau, le vase balustre, etc.
  • Pichets, aiguières et pots à pharmacie.
  • Statues et figurines, parfois inspirées de personnages chinois traditionnels tels que des immortels et autres figures de magots.
Vase de la Compagnie des Indes

Les décors emblématiques

Au cours des deux siècles qu’ont duré les diverses Compagnies des Indes et l’exportation institutionnalisée de porcelaines de commandes, les décors ont été très variés suivant tantôt la tradition chinoise, tantôt les canons européens, tantôt les deux ! Plus que le dessin c’est aussi la polychromie qui a connu des changements notables au gré du développement d’émaux nouvellement maîtrisés parfois même directement importés en Chine par la voie des échanges commerciaux (et aussi scientifiques sous l’impulsion des Jésuites présents à la Cour Impériale). 

Ces décors peuvent être classés majoritairement en quatre catégories: 

1. Les décors armoriés (ou aux armoiries) 

C’était une commande spéciale très prestigieuse. Les pièces (souvent des services de table) étaient décorées des blasons ou armoiries de familles nobles, de marchands ou de corporations européennes. C’est un décor très recherché qui personnalisait la porcelaine pour le marché occidental.

2. Les décors de la « Famille Rose »

Ce style est devenu très populaire à partir des années 1720, sous le règne de Yongzheng et surtout Qianlong. Il se caractérise par l’utilisation d’un émail rose opaque (obtenu grâce au « pourpre de Cassius »), en plus d’autres couleurs vives (vert, jaune, bleu). Les motifs sont souvent des scènes chinoises animées, des bouquets de fleurs et motifs végétaux, des oiseaux, ou des décors directement inspirés de gravures et peintures occidentales pour s’adapter au goût européen.

Service à thé de la Compagnie des Indes, famille rose

3. Les décors de la « Famille Verte »

Précédant la Famille Rose, ce style était en vogue notamment sous le règne de Kangxi (fin XVIIe – début XVIIIe siècle). Il est dominé par l’utilisation de différentes nuances de vert d’émail sur couverte, avec des adjonctions de rouge de fer, du jaune, de bleu et d’aubergine.

Le « Bleu et Blanc » (sous couverte) : bien qu’existant depuis longtemps en Chine, le bleu et blanc a continué d’être massivement exporté et apprécié en Europe. Les motifs, peints au cobalt sous une glaçure transparente, sont souvent des paysages, scènes de vie quotidienne, ou motifs floraux typiquement chinois ou adaptés (décor Imari par exemple).

4. Les décors à sujets occidentaux ou « occidentalisés »

En plus des armoiries, les Européens commandaient des scènes inspirées de la mythologie, de la Bible, de gravures, de portraits, de scènes littéraires ou historiques européennes.

Les décors pouvaient aussi inclure des motifs de rocailles, de lambrequins, de guirlandes de fleurs, de chaînes d’or typiques de l’esthétique européenne du XVIIIe siècle. 

Porcelaine chinoise d'exportation - Le jugement de Pâris

Comment distinguer une véritable porcelaine de la Compagnie des Indes des imitations modernes ?

Outre l’écueil des céramiques européennes ayant tenté de reproduire la porcelaine de Chine et pas uniquement la porcelaine de la Compagnie des Indes, loin s’en faut, il existe sur le marché de nombreuses copies imitant les pièces commandées au XVIIIe siècle. Si aujourd’hui le marché se veut particulièrement frileux sur la plupart des porcelaines d’export, certains exemplaires continuent de s’arracher à des prix élevés. Aussi ce sont également ces exemplaires qui sont susceptibles d’avoir été copiés.

Reconnaître les copies modernes

Les copies modernes de porcelaines de la Compagnie des Indes se concentrent sur les exemplaires de valeur. Aussi est-il très improbable de trouver une assiette simple à décor lacustre faite pour tromper: les pièces arborant des armoiries célèbres, des scènes de vie richement émaillées inspirées de l’époque Qianlong, ou des portraits ou scènes animées européens sont sans aucun doute le plus souvent reproduites avec plus ou moins de brio d’ailleurs. 

Il peut être difficile pour un œil non averti de repérer ces contrefaçons: d’abord parce qu’elles imitent un style qui n’est pas authentiquement chinois. Ensuite parce que les décors des porcelaines d’export sont bien plus faciles à copier que des vases complexes destinés au marché intérieur. 

La reconnaissance revient dès lors à jouer au jeu des 7 erreurs en observant chaque détail et en accentuant aussi son attention sur le revers de la pièce. La correspondance doit être parfaite et la concordance entre le mode de fabrication que l’on décèle par l’observation du dessous de l’objet et le décor de l’avers doit également être irréprochable. 

Je ne saurais que trop vous conseiller de vous reporter à la littérature scientifique concernant spécifiquement les porcelaines d’export. C’est encore le meilleur moyen de prendre en référence des pièces authentiques qui vous permettront de repérer les imitations les plus grossières. 

Enfin la question des marques ne se pose pas pour la porcelaine d’export: s’il est vrai que la pratique d’apposer des marques de règne au revers des céramiques est contemporaine de l’essor des exportations vers l’Europe, les Chinois ont toujours strictement séparé les pièces destinées au marché intérieur et les pièces destinées à l’Occident. 

La marque de l’Empereur est sacrée: elle ne peut être apposée sur une porcelaine destinée “aux barbares” et encore moins sur des céramiques de commande que l’on jugeait moins qualitatives. Si marques il y eut, elles étaient essentiellement celles d’empereurs ayant régné anciennement en reconnaissance des styles du passé ou celles de manufactures particulières. 

Nota Bene: Cette interdiction a été promulguée à partir de la dynastie Qing et plus particulièrement sous le règne de Kangxi (1662-1722).

L’avis d’un expert en Arts d’Asie reste souvent la voie à privilégier pour authentifier sans le moindre doute votre pièce de façon impartiale. 

Comment estimer la valeur d’une porcelaine de la Compagnie des Indes ?

Les critères d’évaluation (ancienneté, rareté, décor)

La production de porcelaines de la Compagnie des Indes a été considérable pendant les deux siècles de son apogée.

On estime à plusieurs dizaines de millions le nombre d’assiettes, de vases, de divers services et autres statues exportés depuis la Chine vers l’Europe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Conséquence: les porcelaines de la Compagnie des Indes ne sont majoritairement pas rares. Elles sont même foncièrement courantes et il n’est pas une succession bourgeoise qui n’en possède au moins un exemplaire.

Porcelaine de la Compagnie des Indes, début XVIII° siècle

Les critères d’évaluation de ces pièces partent donc tous d’une constatation simple : seuls les modèles rares ou d’une forme rare sont recherchés.

C’est d’autant plus le cas de nos jours: si l’art chinois a encore de beaux jours devant lui compte tenu de l’important nombre de collectionneurs passionnés par le sujet, ces derniers délaissent depuis plus d’une quinzaine d’années les porcelaines d’export. Leur prix a considérablement baissé au profit des pièces destinées au marché intérieur.

Les pièces armoriées et celles arborant des scènes polychromes à l’européenne ou avec des thèmes bibliques ou mythologiques sont actuellement les plus plébiscitées. Elles sont aussi les plus rares et parmi les plus belles produites. La personnalisation de ces pièces était très coûteuse. Seules les familles les plus riches pouvaient accéder à un tel service, les autres se contentant des exemplaires communs qui remplissaient autrefois les cales des navires des Compagnies des Indes. 

L’ancienneté est un critère nettement moins important pour la porcelaine de la Compagnie des Indes: s’étalant essentiellement sur moins de deux siècles, la datation importe peu. Le modèle, la forme, l’état, voilà les principaux critères discriminants.

Influence de la provenance (pièces armoriées, commandes spéciales)

Les porcelaines armoriées (ou porcelaines de commande) étaient des services complets commandés sur mesure par des familles royales, nobles ou de riches marchands pour afficher leur statut social. Il s’agissait de commandes individuelles et complexes, non d’une production de masse.

Plat en porcelaine à décor des armes de France - service de Louis XV

Les études historiques estiment qu’environ 4 000 services armoriés ont été commandés pour l’Europe et l’Amérique sur l’ensemble du XVIIIe siècle. Même si un service pouvait comprendre plusieurs centaines de pièces, ce volume reste insignifiant par rapport aux dizaines de millions de porcelaines de production commerciale standard.

S’il est difficile de donner une proportion exacte de porcelaines dites de commande (arborant armoiries ou scènes particulières) on estime qu’elle se situe à moins de 5 % de la quantité totale de porcelaine exportée vers l’Europe au XVIIIe siècle. Certains historiens placent même le chiffre autour de 1 à 2 %.

Bien entendu ces porcelaines sont bien souvent de provenance prestigieuse. Cette provenance tendra ainsi à bonifier la valeur de l’objet selon son prestige.

L’importance de l’état de conservation (restaurations, fêlures, éclats)

L’état est toujours à prendre en compte: les porcelaines d’export n’ont jamais été fabriquées à l’unité.

Les acheteurs ont donc la possibilité en se montrant patient de découvrir au gré des ventes des exemplaires en parfait état et délaissent ainsi bien souvent ceux présentant restaurations et casses. 

Un examen minutieux à la lampe UV et à la lumière blanche sont des étapes essentielles de toute acquisition.

Où acheter et faire expertiser une porcelaine de la Compagnie des Indes ?

Les maisons de ventes aux enchères

Il est très facile pour un collectionneur de faire l’acquisition de porcelaines de la Compagnie des Indes.

Copieusement produites, elles n’ont en conséquence pour la plupart qu’une faible valeur actuellement sur le marché. Les ventes publiques sont sans doute la voie à privilégier pour faire une belle affaire: les assiettes qui se vendaient il y a encore une vingtaine d’années une petite fortune ne sont plus guère recherchées et une assiette standard se négocie désormais autour d’une trentaine d’euros pièce au mieux. Des lots entiers sont toutes les semaines dispersées à l’hôtel Drouot.

Pour les porcelaines les plus rares, l’affaire se corse. La vente publique reste un bon moyen d’en acquérir mais le mieux reste d’être sélectif et de se positionner sur des exemplaires prestigieux et en bon état quitte à consacrer plus d’argent à l’achat. 

Les maisons de ventes restent également un bon moyen de valoriser votre bien. Encore faut-il que ce dernier soit bien expertisé ! Aussi je ne saurais que trop vous conseiller avant de choisir n’importe quelle maison de cibler une étude de bonne réputation faisant appel à un expert compétent.


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Autre lieu privilégié pour trouver des pièces à faible prix les brocantes et puces: les assiettes y sont souvent vendues dans des lots ou sont placées dans des piles sans valeur ce qui vous permettra de faire une acquisition facile et peu coûteuse assez aisément dans la plupart des cas.

Conseils d’achat pour les collectionneurs

Le principal conseil que je peux vous donner est de cibler vos achats plus encore avec les Compagnies des Indes qu’avec n’importe lequel de vos investissements. Si une légère remontée des prix est observable dans certains cas, rappelez-vous que des millions de pièces circulent sur le marché…

Démarquez-vous, achetez des porcelaines de référence, si possible avec de belles provenances et en soignant toujours l’inspection de l’état général de l’objet. 

Plutôt que d’acheter des séries monotones et médiocres, privilégiez les modèles rares et les pièces de forme mais ne vous y trompez pas: le marché n’est pas encore revenu à la normale et peu de collectionneurs ambitionnent d’exposer dans leurs vitrines des séries de 40 assiettes à décor lacustre.

Soyez audacieux dans vos choix et SÉLECTIF !

Conclusion

La porcelaine d’export est un sujet à part entière, une véritable science notamment dans l’identification des armoiries et des scènes représentées.

Moins plébiscitée que la céramique produite pour le marché intérieur chinois, elle n’en reste pas moins désirable dans une collection et même à l’usage d’une table bien achalandée ! Elle est devenue à ce point abordable que même des services entiers peuvent être aujourd’hui acquis pour une somme modique aux fins d’être effectivement utilisés. 

Comme dans tous les domaines de la collection, rappelez-vous que collectionner c’est choisir.

Accumuler sans réfléchir ce n’est pas collectionner. Le chic intemporel de ces céramiques saura sans aucun doute vous séduire et aux prix actuellement observés ? Autant ne pas s’en priver !

Porcelaine bleu céleste Kangxi à monture de bronze doré d'époque Louis XV