Les artistes ont toujours cherché à diffuser leurs œuvres. Pour autant, avant l’époque moderne, rares étaient les solutions leur permettant de mener à bien cette quête.

D’ailleurs, l’unicité d’une œuvre d’art n’a-t-elle pas toujours été l’un des fondements de sa qualité, rendant chaque création précieuse et difficile à reproduire ?

Par conséquent, il convient de ne pas confondre ce qui relève de la copie, de la reproduction ou de l’édition.

Certes, la frontière entre ces procédés peut parfois sembler floue. Cependant, une copie réalisée par l’artiste dans un cadre strict et en tirage limité, peut revêtir un véritable intérêt.

De telles œuvres constituent alors des créations à part entière, auxquelles on accordera autant (ou presque) d’importance qu’à un tableau original.

Quelles sont les caractéristiques d’une lithographie ?

Qu’est-ce qu’une lithographie ? 

Le terme lithographie provient du grec “lithos” la pierre et “graphein” écrire. Il s’agit d’une technique de reproduction artistique (mais pas uniquement). La lithographie a révolutionné le monde de l’art et de l’impression en offrant une alternative rapide et économique à la gravure traditionnelle.

Elle consiste à utiliser une pierre calcaire poreuse sur laquelle le dessinateur appose un décor au moyen d’encre ou d’un crayon. Une fois humidifiée, la pierre est ensuite encrée et pressée contre un support en papier permettant ainsi de réaliser autant de reproductions que voulu d’un même motif. 

Le concept se révèle à la fois simple et ingénieux et se base sur le principe de répulsion entre corps gras et eau. Ne présentant ni relief ni sculpture particulièrement, la roche est préparée afin que seules certaines parties ne retiennent l’encre.

Ainsi, la lithographie permet d’obtenir un motif facilement reproductible, avec bien moins d’effort que la gravure, tout en conservant une grande finesse dans les détails.

L’histoire de la lithographie

La découverte de la lithographie est relativement récente. Elle est traditionnellement attribuée au dramaturge allemand Aloys Senefelder, bien que sa découverte initiale, qui plus est survenue de manière fortuite, ne puisse être considérée comme une véritable lithographie. Il s’agissait plutôt d’une modernisation de la typographie, qui allait cependant poser les bases de ce nouveau procédé.

En 1796, le dramaturge qui peine à trouver un éditeur désirant publier ses pièces, décide de chercher lui-même une façon de les diffuser, tentant de les reproduire par ses propres moyens. 

Pour ce faire, il utilise une pierre locale dite « pierre de Solnhofen », qu’il grave à l’aide d’un acide. Il renonce ainsi à l’usage traditionnel du cuivre, comme c’était jusqu’alors l’usage, inventant du même coup un nouveau procédé. 

Plus rapide, moins coûteux, il perfectionne sa découverte et fait l’expérience du principe de répulsion qui permet cette fois l’émergence de la lithographie moderne, technique qui ne changera quasiment plus après cela. 

Le XIXe siècle : l'âge d'or

L’invention de la lithographie aurait parfaitement pu passer inaperçue si les impératifs économiques de la période et le développement des échanges liés aux conquêtes napoléoniennes n’avaient pas largement accéléré sa diffusion. 

Présentant des avantages aussi bien formels que pratiques et économiques, le procédé est introduit en France vers 1815, notamment par l’intermédiaire de Louis François Lejeune et par le propre neveu de Senefelder, Edouard Knecht qui s’établit à Paris dès 1818. 

Plusieurs firmes s’emparent alors du procédé qui devient couramment utilisé dans l’imprimerie. Godefroy Engelmann, situé à Mulhouse, perfectionne la technique. Il connaîtra un important succès par la diffusion des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France et de nombreux autres ouvrages du même genre, notamment de la littérature de voyage très en vogue à cette période. 

N’oublions pas non plus que la presse va largement profiter de cette innovation. 

Facile d’exécution, la lithographie permet aux artistes de mener à bien leurs projets en dessinant sur la pierre comme ils le feraient sur une feuille de papier (à ceci près qu’il fallait tout de même inverser la gauche et la droite). 

La rapidité qui en découle permet ainsi de répondre aisément aux besoins d’illustrations des nouveaux journaux. La presse se développant dans les années 1830, le Charivari, la Caricature ou encore l’Assiette au Beurre sont autant de papiers qui viennent grossir la demande en illustration (notamment en caricatures). Daumier ou encore Grandville sont parmi les grands noms de l’époque l’utilisant allègrement pour la reproduction de leurs satyres, la lithographie. 

Cette dernière s’étend également au domaine artistique, entendons ici les Beaux-Arts. Tout un panel d’artistes spécialisés dans la reproduction d'œuvres originales fait jour, qui tout au long du XIXe siècle, illustre revues et ouvrages d’art contemporain ou non. 

Notons que cet engouement conduit en 1884 à la fondation de la Société des artistes lithographes français. 

Le XXe siècle : la modernité

Si le XIXe siècle est toujours considéré comme l'âge d’or de la lithographie, le procédé a continué et continue aujourd’hui, d’être largement utilisé par les artistes souhaitant fidèlement reproduire leurs œuvres, sans pour autant se laisser tenter par des techniques de reproduction infiniment plus simples (et moins qualitatives) tels que l’impression. 

De très nombreux grands noms de la peinture et de l’illustration ont utilisé au XXe siècle la lithographie : dans la production d’affiches, de publicités, de livres ou encore d’éditions d’art. 

Parmi eux Dali, Picasso, Bonnard, Toulouse Lautrec, Juan Miro etc. 

La démocratisation de la technique n’y est sans doute pas étrangère. Son perfectionnement a également permis l’édition de lithographies en couleurs. Certains artistes de la période deviennent connus spécifiquement pour leur travail lithographique et pas uniquement dans un cadre publicitaire. 

Rappelons ici que très loin de ne concerner que le domaine artistique, la lithographie sert également à l’édition de papiers à en-tête, cartes de visite et autres documents administratifs. 

Juan Miro fait partie de ces artistes qui utilisèrent la lithographie comme médium artistique à part entière. Autrement dit, la lithographie n’a pas été uniquement une technique de reproduction mais bien un moyen de production.

Quelles différences entre lithographie et autres techniques artistiques ?

Quelle est la différence entre lithographie et sérigraphie ?

La lithographie est une technique faisant usage d’une pierre que l’on vient encrer et qui par le biais de la répulsion entre gras et eau va produire un motif. Elle suppose l’utilisation d’une presse afin d’imprimer le papier. 

À l'inverse, la sérigraphie ne nécessite pas ce type de matériel et repose sur l’utilisation de pochoirs (anciennement sous forme d’écrans de soie) entre l’encre et le support. 

La lithographie permet des nuances plus subtiles, raison pour laquelle elle est majoritairement employée par les artistes. 

Quelle est la différence entre lithographie et gravure ?

La lithographie consiste en l’utilisation d’une pierre encrée dont le tracé ne repose pas sur la gravure du support mais sur l’utilisation de l’encre et de l’eau.

Le support n’ayant pas besoin d’être gravé. L’artiste peut donc réaliser en personne l’outil de reproduction bien que toutes les lithographies n’aient pas systématiquement vocation à être conçues par l’artiste lui-même.

Nota bene: La lithographie peut permettre un nombre de reproduction conséquent pour un même motif. Il arrive d’ailleurs que ces reproductions soient réalisées à titre posthume sous réserve de l’autorisation de l’artiste ou de son ayant droit et dans le respect du droit moral du créateur.

Quelle est la différence entre lithographie et impression offset ?

Dérivée de la lithographie l’offset est une reproduction de l’image par photogravure sur un cylindre lisse, distinguant des surfaces hydrophiles et des surfaces hydrophobes.

Un cylindre intermédiaire en caoutchouc appelé le blanchet, transfère alors l'image sur le support à imprimer. Permettant une impression de qualité, elle laisse cependant une trame que l’on ne retrouve pas en lithographie.

Il s’agit, si l’on peut dire, de la forme industrialisée de la technique. D’un point de vue strictement commercial, l'impression offset a de fait moins de valeur que la lithographie stricto sensu.

Comment reconnaître une lithographie originale ?

Le justificatif de tirage

On appelle justificatif de tirage l’inscription souvent réalisée à la graphite dans la marge de la lithographie d’une signature accompagnée d’un numéro d’exemplaire sur un nombre total de tirages. Ce justificatif était souvent apposé de la main de l’artiste lui-même afin de garantir son aspect authentique et son passage sous son contrôle. 

La lithographie étant un procédé permettant la reproduction en de nombreux exemplaires, le justificatif de tirage est une marque particulièrement importante. 

Comme tout marché, plus le nombre de pièces réalisées est élevé et moins la valeur de l’objet sera importante. Le justificatif de tirage est donc une solution simple permettant de vérifier que l'œuvre acquise a non seulement été réalisée selon les consignes précises de l’artiste mais aussi qu’elle n’a pas été copiée en un nombre d’exemplaires qui tendrait à faire baisser sa valeur. 

Les annotations de justificatif de tirage à connaître : 

  • EA : Epreuve d’artiste.
  • BAT : Bon à tirer. 
  • HC : Exemplaire hors commerce. 

La plupart des tirages tournent autour d’une centaine d’exemplaires, rarement plus.

Il n’y a sur ce point aucune limite légale. D’ailleurs la pierre peut être utilisée indéfiniment sous réserve d’être correctement préparée avant chaque nouvelle tentative de reproduction.

En principe, une fois qu’une édition a produit le nombre d’exemplaires initialement prévu, la plaque originale est rendue inutilisable afin de garantir la régularité du tirage voulu par l’artiste. 

Types de papier courants dans les lithographies originales

Il n’existe pas un type de papier en particulier pour la lithographie bien qu’il s’agisse le plus souvent de papier chiffon. 

Ses caractéristiques techniques sont en revanche généralement les mêmes: une certaine épaisseur, une texture agréable au toucher, un papier qui ne boit pas trop l’encre mais suffisamment pour que l’impression soit bien marquée. 

Le grammage diffère d’un artiste à un autre. 

Examen de l'encre et du motif

Quelques astuces afin de déceler aisément les fausses lithographies

Vérifiez le grain

Une lithographie authentique n’a pas de trame mais un grain irrégulier. 

Afin de vérifier ce point, munissez vous d’un compte fil et observez la bordure des tracés. Si vous apercevez de petits points (caractéristiques d’une trame mécanique) alors vous n’êtes probablement pas en présence d’une véritable lithographie. 

Vérifiez l'épaisseur de l’encre 

La lithographie est un travail manuel bien qu’il s’agisse d’un procédé reproductif. L’épaisseur de l’encre utilisée est donc supérieure à une encre appliquée par une machine. 

Prêtez enfin une grande attention au papier et à sa texture. S’il n’existe pas de support type, un papier de mauvaise qualité est souvent mauvais signe. 

Conseils pratiques pour les collectionneurs de lithographie

Comment faire expertiser une lithographie ?

Vérification des certificats d'authenticité

Certaines lithographies peuvent être accompagnées de certificats d’authenticité. 

Si comme pour tout autre objet d’art, ce certificat peut être feint ou ne pas constituer une preuve à lui seul, il peut cependant être intéressant d’en vérifier les informations. 

Consultation d'experts en lithographie

Comme les lithographies sont par essence produites en plusieurs exemplaires, il n’est pas difficile de trouver en ligne des exemples similaires d’une même œuvre vendue aux enchères. 

Le recours à un expert ou un commissaire-priseur peut être nécessaire mais il faut savoir que la plupart des lithographies, même signées de la main de l’artiste, sont rarement des pièces de valeur. 

Si vous avez un doute suite à vos recherches préalables, rendez-vous auprès d’un spécialiste. 

Vous pouvez également nous faire parvenir votre demande d’estimation en ligne et de façon confidentielle. Nous vous répondrons dans les meilleurs délais afin de vous aiguiller gratuitement dans votre démarche de vente. 

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Comment estimer la valeur d'une lithographie ?

Comme énoncé plus haut, les lithographies ne sont que rarement des biens de valeur. 

L’immense majorité de ces reproductions artistiques oscillent entre 50 et 100 euros de valeur unitaire à la revente. Comme toujours des exceptions existent liées au nombre de tirage, à leur qualité, à la présence ou d’une signature, à l’état de la lithographie. 

Cependant, n’oubliez pas que la lithographie n’est pas une œuvre unique et qu’en conséquence son prix n’en est que plus faible. 

Soyez pragmatiques et investissez en connaissance de cause. Ce n’est pas parce qu’un objet est très décoratif qu’il a forcément de la valeur. En matière de lithographies, rares sont les bonnes surprises ! 

Conclusion

La lithographie est un procédé encore très utilisé par les artistes contemporains. 

Elle peut constituer une bonne alternative à un achat d'œuvre originale puisque sensiblement moins chère. 

À l’heure d’internet, il est assez aisé de découvrir si votre exemplaire peut présenter un intérêt particulier ou de vous procurer une pièce en suivant nos conseils afin d’éviter de payer une fortune pour un tableau prétendument certifié.