Le Caravagisme : Un voyage au cœur du réalisme baroque

Le Caravagisme est un style pictural du XVIIe siècle ayant largement influencé les artistes de la période baroque. Si l’on emploie parfois le terme de “mouvement” pour qualifier les œuvres qui en découlent, rien ne permet cependant de le caractériser comme tel dès lors qu’aucune véritable structure ou manifeste n’a jamais existé.

Ce style est directement inspiré de l’œuvre du Caravage (1571-1610), artiste romain et peintre de génie à qui l’on attribue souvent l’invention du clair-obscur bien que cette technique n’ait été que perfectionnée par lui puisqu’elle existait déjà chez d’autres artistes qui l’ont précédé.

Le Caravage meurt à l’âge de 38 ans seulement des suites d’une septicémie liée à une blessure probablement due à une rixe. Cette mort prématurée n’a pas empêché son œuvre de se diffuser très largement en Europe créant une génération de peintres produisant “dans le goût” du célèbre artiste.

Caravage - Peinture XVII siècle

Qu’est-ce que le Caravagisme ?

Le Caravagisme naît en Italie en plein XVIIe siècle, quelques années seulement après la mort du Caravage en 1610. Il s’agit d’un style pictural et non un mouvement structuré.

Ce style conforme aux recommandations de la Contre-Réforme et du Concile de Trente est essentiellement tourné vers l’utilisation du clair-obscur dans des représentations majoritairement religieuses, empreint d’un grand réalisme dans la représentation des personnages et une attention portée moins sur la perspective que sur le mouvement.

Réalisme baroque diront certains, ce style s’inspire également de la pensée du maître italien, lequel représentait dans des scènes religieuses, des êtres du quotidien dans leur apparence la plus crue. Laideur et vieillesse cohabitent avec jeunesse et beauté dans un subtil mélange qui, dès lors, rend à la spiritualité catholique une image plus humaine et simple loin des canons extravagants de la Renaissance Italienne.

En cela, le Caravagisme est l’archétype d’un style baroque dans lequel l’enchevêtrement des corps et le pathos sont les maîtres mots.

Si l’on cantonne parfois le Caravagisme à un mouvement purement italien, il faut largement relativiser cette vision que nous présenterons ici comme erronée. Le monde baroque n’est certainement pas un espace cloisonné. Les échanges entre artistes sont nombreux et la pratique de la gravure permet depuis le XVIe siècle de faire circuler dans les différents pays des modèles.

Dès lors, on retrouve des peintres s’inspirant du Caravage aussi bien en France avec George de La Tour ou en Espagne avec de Ribera, qu’en Hollande avec Abraham Bloemaert ou Gerrit Van Honthorst.

S’agissant plus d’un style que d’un mouvement les bornes historiques du Caravagisme sont floues. On se contente généralement de le faire débuter aux alentours de la mort du maître italien jusqu’à la fin du XVIIe siècle au plus tard.

Les origines du Caravagisme

Le contexte historique et artistique de l’Italie du XVIIe siècle

L’Italie du XVIIe siècle n’est plus aussi florissante qu’à la Renaissance qui a largement fait son temps. C’est même le contraire : la péninsule subit un important déclin et les luttes intestines minent profondément le développement des différents États qui la composent.

Si la pax hispanica entretient un semblant de calme au début du XVIIe siècle, la Guerre de succession de Montferrat en 1613, suivie de la Guerre de Trente Ans, refont plonger l’Italie et plus généralement l’Europe, dans les conflits.

Le développement du commerce dans les États du Nord ainsi que la puissance montante du rayonnement de la France, qui atteint son apogée sous le règne de Louis XIV, éclipsent progressivement l’influence italienne sur l’Europe.

L’époque est également en proie à la tension religieuse, la réforme protestante prenant de l’ampleur dans les pays du nord de l’Europe.

En réaction, l’Église Catholique Romaine conduit une politique de Contre-Réforme encourageant la production artistique qui suit les nouvelles recommandations du Concile de Trente.

Dans ce contexte, naît la peinture baroque de laquelle font partie les caravagesques.

Concile de Trente

La Contre-Réforme et son influence sur l’art

La Contre-Réforme menée par l’Église catholique va largement influencer les artistes de la période et notamment les caravagesques.

Si du temps du maître Lombard, le réalisme ostensiblement affiché, y compris dans les scènes religieuses et mythologiques, lui avait à de nombreuses reprises valu des refus de toiles et de véritables scandales, l’évolution de la pensée renouvelle cette vision.

Moins intellectuelle, plus spectaculaire, faisant appel aux sens et à l’émotion, la peinture liée à la Contre-Réforme cherche à convaincre et à encourager la foi par un aspect plus proche du spectateur.

Quoi de mieux que d’utiliser le réalisme à cet effet ?

Nota Bene: Le Caravage a régulièrement eu recours au réalisme le plus cru afin de donner aux scènes religieuses une interprétation plus actuelle. Ainsi a-t-il largement utilisé les visages et corps de marginaux ou de prostituées dans son art, une pratique qui fit scandale.

Non seulement la peinture baroque va reprendre à son compte l’humanisation des figures (dans une certaine mesure uniquement) mais va également utiliser la fameuse technique du clair-obscur dans bien des compositions.

Le pathos (expression de sentiments exacerbés) est précisément mis en avant par cette utilisation de la lumière : un éclairage direct et théâtral propice à souligner les rides et les expressions marquées.

Les compositions restent vibrantes et riches mais plus portées sur les personnages que sur les décors qui les entourent.

Les caravagesques, comme on les appelle, sont ainsi parfaitement adaptés à leur époque. La peinture du Caravage est précisément tournée vers ces mêmes intentions. Théâtralité, réalisme dans ses détails les plus crus, jeux de lumière accentuant le pathos, mouvements et abandon d’un décor qui distraient de la scène principale : la piété dans tout ce qu’elle a de plus pur et puissant.

Le mécénat à Rome

Si le XVIIe siècle italien est instable politiquement et que la paix s’avère fragile en Europe, le mécénat en Italie est toujours très actif. C’est notamment le cas dans les grandes villes de la péninsule, en particulier à Rome, où les riches collectionneurs sont réputés pour leur générosité dans la dotation des artistes les plus talentueux.

La cité est alors en plein chantier ce qui encourage la venue de très nombreux artistes de toute l’Italie mais aussi étrangers.

Commandes de décors pour les églises, constructions de palais et de places publiques à la gloire des plus riches mécènes, la capitale de la chrétienté cherche au-delà des initiatives privées à maintenir son prestige face à la réforme protestante.

L’image est vue comme l’un des moyens d’y parvenir et c’est à grand renfort d’œuvres spectaculaires que la papauté fait muter Saint-Pierre dans l’époque baroque.

Les collectionneurs privés sont extrêmement nombreux et collectionnent aussi bien les antiques que les œuvres contemporaines des plus grands maîtres. Ces derniers ornent l’intérieur de leurs palais aux austères façades de façon somptueuse et leurs cabinets d’amateurs attirent tous les regards.

L’expression de la puissance du propriétaire réside ainsi dans sa capacité à attirer les meilleurs talents dans la droite lignée du mécénat de la Renaissance.

Borghèse, Barberini, Médicis, Giustinianni… Les grandes familles de mécènes ne manquent pas et les chantiers non plus. Chapelles privées, églises, grands décors de villas, la frénésie artistique est encore bien présente dans une Italie en déclin comme un dernier sursaut de puissance.

Nota Bene: Si Le Caravage a toujours pu se sortir des mauvais pas, alors que pris dans de sulfureuses situations, ce fut notamment parce qu’il bénéficiait de généreux et puissants mécènes, prêts à accepter ses frasques en contrepartie de son talent exceptionnel.

Galleria_Borghese

Quelles sont les caractéristiques du style caravagesque ?

Le clair-obscur : une révolution dans la peinture

L’utilisation de la lumière

L’attribution de l’invention du clair-obscur au Caravage est totalement infondée. Cette technique a certes atteint un paroxysme sous son pinceau mais elle existait déjà chez d’autres maîtres de la Renaissance, aussi bien en Italie que dans les Flandres.

Afin de rétablir la vérité sur ce point, nous citerons à titre d’exemple, l’autoportrait d’Albrecht Dürer peint vers 1500 ou plus connu encore, le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci, peint près d’un siècle avant les premières réalisations du maître lombard.

Ce n’est donc pas le clair-obscur stricto sensu qui fit de Caravage un génie révolutionnaire mais bel et bien son perfectionnement combiné au réalisme, au cadrage serré et l’extraordinaire vibrance de ses représentations aussi crues soient-elles.

Ainsi, l’utilisation du clair-obscur chez les caravagesques est moins révolutionnaire que certains pourraient le prétendre mais sa systématisation et son usage aux fins de souligner la théâtralité d’une scène fut en revanche en rupture avec ce qui se faisait chez les renaissants.

Cette technique met non seulement en exergue les éléments principaux de la scène en rehaussant les détails des corps et des figures mais baigne aussi la scène d’une lumière directe et aussi concentrée qu’un projecteur permettant de matérialiser l’effet dramatique.

Ainsi la lumière s’apparente-t-elle à celle de Dieu, une sorte d’illumination céleste qui attire l’œil et marque ainsi le spectateur.

Les effets dramatiques

Les caravagesques mettent l’accent sur la théâtralité des émotions et des scènes peintes d’un point de vue général.

L’utilisation de la lumière tend, comme on l’a vu, à souligner les expressions faciales souvent marquées (autant par les rides et les aspérités de la peau que par l’émotion du sujet) et la gestuelle très expressive des personnages.

La lisibilité reste le maître mot : sans rechercher la pure narration, la représentation se veut empreinte de pathos afin de mieux marquer le spectateur et exacerber la foi.

Le réalisme et la représentation des émotions

Les modèles issus des rues

Dans la droite lignée du maître lombard, les caravagesques vont largement faire appel au réalisme dans la représentation des visages et des corps.

Caravage était connu pour utiliser dans ses compositions les physionomies des personnes qui formaient son entourage.

Par sa vie dissolue et pour le moins sulfureuse, le peintre avait à sa disposition un important panel de visages et de scènes quotidiennes qui ont beaucoup marqué ses contemporains au point de parfois faire scandale.

Mêlant les genres, le maître faisait de la quotidienneté le thème majeur de sa virtuosité : une représentation humaine de la piété dans ce qu’elle a de plus authentique, une vision que ses suiveurs vont garder tout en l’adaptant aux recommandations de la Contre-Réforme et au goût baroque.

Par ailleurs, si les modèles de la quotidienneté vont ainsi servir dans les scènes les plus pieuses, il ne faut pas oublier que d’autres thèmes furent aussi en vogue comme les scènes de genre, la mythologie ou les allégories.

Les thèmes récurrents

Bien que les thèmes des caravagesques soient variés, certaines représentations se retrouvent plus systématiquement que d’autres dans leurs œuvres.

La religion

Les suiveurs de Caravage tout comme la peinture italienne de la période eurent largement pour thème de prédilection la religion. Même dans les scènes qui s’apparentent à des thèmes profanes, la morale catholique n’est jamais loin.

Il ne faut pas non plus oublier que l’Église tient une part importante des commandes et du mécénat privé y compris au XVIIe siècle. Si certains tableaux furent commandés afin de décorer les palais de riches collectionneurs privés, bon nombre d’artistes furent employés aux travaux de bâtiments religieux : transformation de la basilique Saint-Pierre, constructions d’églises publiques et privées, chapelles, tombeaux etc.

Dans la droite lignée du maître, les caravagesques vont s’atteler à des thèmes religieux, dans un contexte qui, il faut bien le dire, se voulait fortement influencé par les enseignements de la Contre-Réforme et la résistance de l’Église Catholique Romaine face aux bouleversements initiés par les pays du Nord.

La violence

La violence fait partie des thèmes récurrents de la peinture caravagesque.

Pourquoi un tel état de fait ?

Sans doute parce que les artistes de la période sont, et on le sait moins, largement impliqués dans la culture des bas-fonds de la société romaine.

Du raffinement des palais aux plus sombres tavernes des quartiers suburbains mal famés il n’y a qu’un pas : la pratique du baptême au vin d’un nouvel aspirant peintre est courante. Il a lieu dans une taverne sous les auspices de Bacchus, dieu romain de l’ivresse mais aussi de l’inspiration artistique.

Rixes, orgies et autres dépravations sont le lot courant de ces artistes, au point de garnir de nombreuses pages des archives policières de la période…

Dès lors, comment s’étonner du fait que les caravagesques aient largement utilisé le thème de la violence, de l’ivresse ou de la quotidienneté dans ce qu’elle a de plus trivial au sein de leurs œuvres ?

Au fond, le clair-obscur n’est-il pas lui-même une reproduction de cet environnement aux sombres recoins dont Rome avait le secret ? 

Nota Bene: Dans le cadre de son “baptême au vin”, l’artiste se voyait affublé d’un surnom. Valentin de Boulogne sera par exemple nommé “l’Amoureux” quoique cela puisse vouloir dire…

Le quotidien

Les scènes dites profanes sont courantes chez les caravagesques.

En cela suivent-ils les habitudes de leur illustre prédécesseur, qui fut bien des fois critiqué pour sa mise en avant de la quotidienneté aussi bien dans les thèmes abordés que dans les sujets représentés.

Le Caravagisme est l’art de la représentation humaine, dans le quotidien comme dans la religion.

Une prostituée aussi imparfaite soit-elle, n’est-elle pas digne d’être représentée, y compris dans une scène noble, dès lors que la très Sainte Marie-Madeleine n’en fut pas moins pécheresse ?

Aussi, retrouve-t-on parmi les thèmes de la quotidienneté : les bohémiennes et autres diseuses de bonne aventure, les joueurs de luth, les vagabonds et les vieillards, les scènes de taverne, des soldats jouant aux cartes, des tricheurs etc.

Les principaux artistes et œuvres du Caravagisme

Les artistes du Caravagisme

José de Ribera (1591-1652)

Né le 12 janvier 1591 à Xàtiva, mort le 2 septembre 1652 à Naples, c’est un peintre espagnol arrivé en Italie vers 1613. De Ribera est aujourd’hui considéré comme le principal représentant du Caravagisme napolitain.

Georges de La Tour (1593-1652)

Né et baptisé le 14 mars 1593 à Vic-sur-Seille et mort le 30 janvier 1652 à Lunéville, George de La Tour est un peintre français. Il n’a probablement jamais, contrairement à beaucoup d’autres artistes caravagesques, entrepris le voyage en Italie bien que l’on connaisse mal sa formation artistique.

Il est l’un des plus célèbres peintres caravagesques français, influencé à la fois par l’Italie mais aussi par les écoles du Nord, possiblement par l’École d’Utrecht qu’il visite en 1616.

Bartolomeo Manfredi (1582-1622)

Peintre italien, baptisé le 25 août 1582 à Ostiano en Lombardie et mort le 12 décembre 1622 à Rome, il est considéré comme l’un des principaux suiveurs du Caravage. Il pratique son activité à Rome de 1603 à sa mort et est surtout un peintre de chevalet au service de commanditaires privés.

Valentin de Boulogne (1591-1632)

Valentin de Boulogne est né le 3 janvier 1591 à Coulommiers et mort le 19 août 1632 à Rome. Élève de Simon Vouet, habitué comme d’autres artistes caravagesques des banquets orgiaques, il est moins connu que ses maîtres et contemporains et vécut une grande partie de sa vie dans la précarité. Il est notamment connu pour ses scènes de la vie quotidienne inspirées des tavernes qu’il fréquente assidûment.

Les chefs-d’œuvre du Caravagisme

Bartolomeo Manfredi (1582-1622) Le couronnement d’épines, 1617, Musée de Tessé, Le Mans.

Disciple direct du Caravage, Bartolomeo Manfredi a largement contribué à diffuser son style en Europe. Son tableau Le Couronnement d’épines illustre à merveille le ténébrisme et l’intensité dramatique propres au maître. On y voit le Christ humilié, entouré de bourreaux aux visages expressifs, plongés dans une lumière tranchante qui renforce la brutalité de la scène.

La souffrance du Christ est palpable, accentuée par l’ombre et la lumière qui sculptent les corps et les émotions.

Hendrick ter Brugghen (1588-1629). Le Concert, 1627. National Gallery, Londres.

Membre de l’école caravagesque d’Utrecht, Hendrick ter Brugghen a été fortement influencé par son voyage en Italie. Le Concert en est une parfaite démonstration : il y joue avec la lumière pour faire ressortir chaque personnage sur un fond sombre.

Cette scène musicale, très appréciée à l’époque, est d’une grande finesse, avec un soin particulier porté aux expressions des musiciens et aux textures des tissus. L’œuvre saisit un moment suspendu, empreint d’une beauté harmonieuse et vivante.

Gerrit van Honthorst, Le Christ aux outrages, 1617, Los Angeles County Museum, Los Angeles.

Autre figure majeure de l’école caravagesque d’Utrecht, Gerrit van Honthorst se distingue par sa maîtrise exceptionnelle de la lumière artificielle. Dans Le Christ aux outrages, il plonge la scène dans un clair-obscur saisissant, où la lumière semble émaner d’une bougie invisible.

Ce contraste dramatique renforce la cruauté des bourreaux et la douleur silencieuse du Christ, dont l’expression traduit toute l’intensité de son supplice. Un véritable chef-d’œuvre de théâtralité et d’émotion.

Georges de La Tour (1593-1652), Saint Joseph charpentier, 1645, Musée du Louvre, Paris.

Bien que parfois considéré en marge du Caravagisme, Georges de La Tour en partage l’amour du clair-obscur et du naturalisme. Dans Saint Joseph charpentier, la lumière d’une bougie éclaire doucement la scène, créant une atmosphère intime et spirituelle.

L’enfant – vraisemblablement Jésus – est baigné dans une lumière symbolisant la divinité, tandis que Joseph travaille dans l’ombre. Cette composition épurée et profondément méditative est un modèle de simplicité et de maîtrise technique.

José de Ribera (1591-1652) Le Reniement de Saint-Pierre, vers 1615, Palais Barberini, Rome

Surnommé Lo Spagnoletto, José de Ribera est l’un des plus fervents adeptes du caravagisme en Espagne et en Italie. Le Reniement de Saint-Pierre illustre avec une puissance exceptionnelle l’angoisse du disciple, qui vient de trahir le Christ.

Grâce à un jeu subtil d’ombres et de lumières, Ribera met en évidence les rides de son visage marqué par le doute et le remords. Ce tableau, d’une intensité psychologique rare, capture un moment bouleversant du Nouveau Testament.

L’influence du Caravagisme

Diffusion en Europe

Le Caravage a beaucoup influencé ses contemporains. Il faut bien dire que le maître lombard avait rencontré de son vivant un certain succès bien que de nombreux scandales liés à sa peinture trop humaine aient pu faire circuler à son propos bien des rumeurs. Rien d’étonnant dès lors à ce que de jeunes peintres aient cherché à suivre son exemple en reprenant à leur compte son style.

L’Italie du XVIIe siècle attire toujours les artistes de toute l’Europe, intéressés par la promesse d’une vie sous la protection d’un généreux mécène. L’émulation artistique qui en découla, eut un impact majeur sur l’art dans le reste des pays de l’Ouest, en particulier en Italie, en France, dans les Flandres et en Espagne.

Bien que le Caravagisme n’ait jamais présenté la moindre structure unifiée et relevait plutôt d’initiatives privées de la part des artistes, d’importantes similitudes dans le style de peinture et dans les thèmes ainsi adoptés sont bien présentes.

La redécouverte au XXe siècle

Après un XVIIe siècle très favorable aux caravagesques, le style du maître lombard tombe en désuétude. Raillée par les nouveaux tenants de l’art actuel, notamment classique, qui reprochent au Caravage son manque de réflexion et un cadrage serré qui dénote une absence de talent pour la composition, il faudra attendre le début du XXe siècle pour que cette manière de peindre soit réhabilitée notamment par l’historien d’art Roberto Longhi.

Conclusion

Le Caravagisme va connaître son heure de gloire essentiellement au XVIIe siècle.

L’influence d’un nouveau Classicisme avec pour représentant majeur Nicolas Poussin ne va pas manquer de mettre un terme à cette humanisation de la peinture et des scènes religieuses, au profit d’un retour à l’antique et de représentations plus narratives et colorées.

Les centres de productions artistiques vont également changer : la France sous l’impulsion du règne de Louis XIV émerge sur la scène mondiale comme le nouvel eldorado des artistes au détriment de l’Italie.

Le Caravage et ses suiveurs seront par la suite oubliés et ne furent redécouverts que tardivement au début du XXe siècle.

Ils sont aujourd’hui très appréciés du grand public, une appréciation que le marché de l’art constate régulièrement avec des adjudications pouvant atteindre plusieurs millions d’euros pour les pièces les plus emblématiques.