Comment reconnaître un camée authentique ?

Introduction

Les camées apparaissent dès l’antiquité grecque. Domaine artistique à part entière, l’art de la glyptique (ou art de la gravure et de la sculpture sur pierres fines, précieuses ou dures) fut de tout temps un symbole de pouvoir.

Leur fabrication nécessite en effet un immense savoir-faire et des matériaux de prix, ce qui en fait encore aujourd’hui un bijou désirable entre tous, d’autant plus lorsqu’il est ancien et de belle facture.

Camées antiques

Votre camée a-t-il de la valeur ? Quand a-t-il été fabriqué ? Comment agrémenter sa collection en évitant les erreurs les plus grossières lors de l’acquisition ?

Si dans nombre de boîtes à bijoux de nos grands-mères il est possible de trouver un camée, ils ne présentent pour la plupart qu’une faible valeur sur le marché de l’art : souvent copiés, grossièrement sculptés à des périodes tardives, il existe cependant de véritables chefs-d’œuvre parfois bien cachés.

Plongée dans l’art des camées et de la glyptique !


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Qu’est-ce qu’un camée ?

Définition et histoire

Définition

Ce terme, dérivé du français « camaïeu » désigne l’objet issu d’une technique de gravure en relief, principalement sur une pierre, une coquille ou un verre présentant des couches de couleurs contrastées superposées.

L’opération particulièrement délicate consiste à sculpter un motif (portrait, figure mythologique, scène de genre) sur un matériau présentant des couches de couleurs contrastées, comme l’agate, l’onyx, la sardonyx ou certaines coquilles marines (conque).

En retirant une partie de la matière, l’artiste tire parti de ces strates pour révéler la couleur de la couche inférieure, créant ainsi une figure en relief de couleur claire qui se détache distinctement sur un fond de couleur plus foncée.

Le terme de “camée” désigne à la fois la technique de sculpture elle-même et l’objet final, généralement une pierre ou une coquille montée en bijou, comme une broche, un pendentif ou une bague.

Camée, Dioscoride, portrait d'Auguste

Origines hellénistiques

Les camées les plus anciens remontent à la période Hellénistique. Ils apparaissent autour du IIIe siècle av. JC, probablement dans l’un des principaux centres artistiques de l’Empire d’Alexandre comme Alexandrie.

Les artisans grecs excellaient déjà dans la taille des pierres fines et ont commencé à utiliser des pierres à couches superposées comme l’onyx ou l’agate pour y sculpter des figures en relief.

Camée héllénistique, Ptolémée II

Nota Bene: La taille des pierres fines est une pratique extrêmement ancienne qui remonte à la Mésopotamie antique. On estime communément que les pièces les plus anciennes connues remontent au IVe millénaire avant J.-C.

L’âge d’or romain

Bien qu’il soit complexe de désigner avec précision le camée le plus ancien jamais façonné, l’un de ceux les plus fréquemment mentionnés est sans aucun doute la Tasse Farnèse, l’un des chefs-d’œuvre de la glyptique antique. C’est également le seul élément connu provenant du trésor de Cléopâtre VII ayant survécu jusqu’à nous.

La Tasse Farnèse

Sous l’Empire Romain, l’art du camée atteint un apogée qui ne sera jamais égalé par la suite (du 1° siècle av. J.-C. au III° siècle ap. J.-C.).

Symboles de pouvoir et de prestige, ils étaient particulièrement difficiles à produire compte tenu de l’outillage rudimentaire de la période et seuls les meilleurs artisans étaient habilités à manipuler des pierres de qualité suffisante pour réaliser des œuvres majeures. 

En conséquence, ils étaient essentiellement portés par les empereurs et riches familles patriciennes, souvent ornés de portraits de souverains ou de scènes mythologiques.

Moins couramment, des pièces de prestige à usage décoratif étaient parfois commandées : c’est ainsi qu’émergent des pièces monumentales et rarissimes dont le célèbre Grand Camée de France est sans doute le témoin le plus extraordinaire.

Déclin médiéval et renouveau à la Renaissance

Au Moyen Âge, le savoir-faire des artisans antiques se perd progressivement. Les grands centres tels que Rome, Constantinople ou Alexandrie perdent leur pouvoir hégémonique ce qui perturbe de façon durable les routes commerciales qui permettaient autrefois d’approvisionner les meilleurs ateliers.

Aussi les camées étaient-ils à cette période essentiellement conservés dans les trésors ecclésiastiques, parfois reconvertis à l’usage du culte. Avec le vif regain d’intérêt à la Renaissance pour l’Antiquité, les camées redeviennent des objets particulièrement en vogue. La production reprend et de nouveaux chefs-d’œuvre font leur apparition.

Camée, Croix de Lothaire, Trésor d'Aix-La-Chapelle

Le succès européen aux XVIIIe et XIXe siècles

Dans la droite lignée de cet engouement, le XVIII° puis le XIX° siècle prennent le relais et c’est à grand prix que l’on se procure des pièces antiques ou contemporaines parfois signées de grands noms.

Les cours européennes les popularisent considérablement, d’abord sous l’Empire en France où l’on voit naître de formidables parures et diadèmes agrémentés de ces œuvres ou encore sous le règne de la Reine Victoria qui les affectionne particulièrement. Cette dernière participera à faire des profils féminins gravés sur coquille un incontournable de la bijouterie.

Camée, Diadème de l'Impératrice Joséphine, début XIX° siècle

Matériaux utilisés

Les pierres fines et semi-précieuses

Les camées exigeaient un approvisionnement particulièrement qualitatif en pierres fines ou semi-précieuses et, le cas échéant, en coquillage.

Cependant tous ne pouvaient convenir à la délicate opération de sculpture qui suivait le choix initial du matériau.

Afin de créer un motif, l’artisan devait se procurer une pierre ou une matière présentant diverses couches superposées dont l’amincissement progressif permettait de faire émerger un motif clair sur fond foncé.

Ce choix était d’autant plus important que le processus de sculpture était long et fastidieux : choisir une gemme médiocre était dès lors une erreur aux conséquences funestes.

Ces matériaux nobles étaient les plus prisés au cours de l’Antiquité et à la Renaissance pour les pièces les plus précieuses.

Apothéose de Claude

On trouvait parmi elles :

  • L’agate : probablement la pierre la plus courante pour la création de camées.
    • Elle fait partie de la grande famille des calcédoines, elles-mêmes une variété de quartz microcristallin.
    • Elle présente de multiples couches de couleurs (noir, blanc, bleu, etc.) parfaites pour la gravure.
    • Les variétés les plus célèbres incluent :
      • La sardonyx : agate à couches marron rouge et blanche
      • L’onyx : agate à couches noires et blanches (aussi appelée nicolo lorsque la couche supérieure est très fine)
  • La cornaline : une variété de calcédoine de couleur rouge-orange.
  • La calcédoine utilisée pour sa translucidité et ses teintes.

De façon extensive le lapis-lazuli, l’améthyste, l’opale, le cristal de roche étaient utilisées, bien que le travail des couches soit moins évident ou inexistant (on parle alors de camées sculptés dans une pierre monochrome).

Nota Bene: Si l’agate et ses dérivés ont été particulièrement utilisés dès l’Antiquité ce n’est pas uniquement pour sa beauté. Il s’agit également d’une matière très dure, parfaitement résistante aux besoins de la bijouterie. Sa dureté se situe généralement entre 6,5 et 7 sur l’échelle de Mohs (qui va de 1 à 10, le diamant se situant à 10).

Les coquillages

Le camée coquillage est devenu particulièrement populaire à partir du XVIII° et XIX° siècle (notamment à Naples, en Italie) car le matériau est plus tendre et plus facile à travailler que la pierre dure.

Il est aussi moins coûteux : bien plus tendre c’est un matériau facile à trouver et qui nécessite un temps de façonnage nettement moins long que la pierre dure.

Si rien ne permet d’affirmer une raison unique de cette utilisation majeure à partir du XVIII° siècle mais qui débute dès le XV° siècle, on avancera ici l’hypothèse d’une raison technique : seuls des maîtres très expérimentés pouvaient sculpter des pierres dures coûteuses que l’on importait bien souvent d’Orient.

Cela aurait donc nécessité une stabilité politique permettant l’émergence d’un centre de production puissant, d’abord pour l’approvisionnement en pierres mais aussi pour la formation d’artistes locaux. Or l’Italie médiévale et renaissante bien que très active artistiquement ne possédait pas les conditions suffisantes d’une telle stabilité. Aussi les artistes se sont-ils sans doute contentés de ce que l’on pouvait se procurer à l’époque.

Par ailleurs, la facilité de la sculpture sur coquillage comparé à la difficulté de la sculpture sur pierre dure était plus en phase avec les nécessités qu’imposait la demande croissante de souvenirs du Grand Tour à partir du XVIII° siècle.

Camée d'époque Victorienne

C’est sans doute là, la seconde raison la plus plausible de cette utilisation plus commune du coquillage et ce, bien que des artistes aient quand même créé des camées en pierre dure y compris à cette période. 

Nota Bene: L’une des villes les plus célèbres s’étant spécialisée dans la sculpture de camées sur coquillage est la ville de Torre del Greco en Italie, également connue pour le travail du corail.

Les espèces principalement utilisées se divisent entre conques et casques.

On trouve ainsi le plus souvent des camées conçus à base des espèces suivantes :

  • La conque (coquille de casque)
  • Cypraecassis rufa (casque gueule de Taureau) : très appréciée car elle fournit un excellent contraste entre la figure claire et un fond aux teintes chaudes et profondes.
  • Cassis madagascariensis (casque de Madagascar ou Sardonica) : une espèce en provenance des Caraïbes, le plus souvent utilisée pour des camées de grande qualité. 
  • Strombus gigas (conque) : une espèce originaire des Caraïbes, également utilisée pour sa taille et ses couches contrastées.
  • L’ormeau (haliotis) et abalone (haliotis iris) : nettement moins utilisées, elles sont essentiellement exploitées pour leur nacre irisée.

Autres supports

Divers autres matériaux ont été utilisés selon l’époque et la qualité recherchée :

  • Le verre dit “verre camée” : technique antique consistant à mouler ou souffler deux couches de verre de couleurs différentes, puis à graver la couche supérieure (exemple du célèbre Vase Portland).
  • Le corail : principalement le corail rouge ou rose, sculpté en camée.
  • La nacre, l’ivoire et l’os : Utilisés pour des camées anciens, bien que plus fragiles et avec des effets nettement moins contrastés.
  • La pierre de lave : Populaire au XIXe siècle, souvent ramenée comme souvenir du Grand Tour.
  • Divers matériaux synthétiques modernes : c’est le cas pour de nombreux camées moulés en résine ou en plastique à destination de bijoux fantaisie et de copies bas de gamme.

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Une technique minutieuse et particulièrement fastidieuse

Généralement de taille modeste, on pourrait croire que les camées sont faciles à façonner. Pourtant il n’en est rien. Les camées sont traditionnellement gravés sur des pierres fines comme l’onyx, la sardoine, la cornaline et l’agate.

Ces pierres sont des variétés de calcédoine et de quartz, qui se situent à 7 sur l’échelle de Mohs (la dureté maximale étant celle du diamant située à 10).

Dès lors, il est impossible de les ciseler, de les entailler ou de les sculpter avec des outils d’acier sans risquer d’user immédiatement l’outil sans résultat probant ou pire encore de faire éclater la pierre par un geste malheureux !

Le travail était donc dès l’Antiquité réalisé par abrasion.

À l’aide d’outils rotatifs actionnés par un archet et enduits de poudres abrasives fines tels que le sable, le corindon ou le diamant, l’artisan devait s’évertuer à user les surfaces supérieures de la pierre afin de révéler progressivement le motif.

Ce processus est lent, répétitif et exige une précision extrême, car l’artiste travaille souvent « à l’aveugle » sous la pâte abrasive. La planification du motif était essentielle pour tirer parti des différentes couches de couleur de la pierre.

La technique était particulièrement longue et fastidieuse et nécessitait une immense concentration. Les pierres étaient coûteuses et les commanditaires souvent prestigieux en particulier dans l’Antiquité. 

Le façonnage prenait dès lors d’autant plus de temps que la technique était complexe. 

Pour les pièces les plus spectaculaires de l’Antiquité, comme le Grand Camée de France (illustration ci-dessous) ou la Gemma Augustea qui mesurent chacune plusieurs dizaines de centimètres, le travail se mesurait probablement en mois, voire en années, nécessitant le labeur d’une équipe entière de graveurs.

Le Grand Camée de France

À noter : même pour un petit camée monté sur une bague ou une broche, le processus de gravure, de polissage et de finition sur une pierre dure prenait sans doute de plusieurs jours à plusieurs semaines de travail concentré, sans compter le temps de préparation de la pierre brute.

Comment reconnaître un camée authentique ?

L’aspect visuel et la profondeur du relief

Finesse de la gravure

On sous-estime bien souvent l’importance des proportions en art. Or j’affirme ici que de ces proportions reposent toute l’esthétique de la pièce obtenue et ce dans toutes les disciplines artistiques.

Vitruve écrivait dès le I° siècle ap. JC. sur l’architecture que cette dernière repose sur 6 règles fondamentales :

  1. L’ordonnance : l’organisation générale et la juste proportion entre toutes les parties du bâtiment
  2. La disposition : l’agencement pratique des espaces selon leur usage (plan, coupe, perspective)
  3. L’eurythmie : l’harmonie visuelle et l’élégance qui résultent de proportions justes
  4. La symétrie : correspondance proportionnelle entre les parties et le tout (rapport mathématique), pas seulement la symétrie au sens moderne
  5. L’harmonie : la convenance, c’est-à-dire l’adaptation du style architectural à la fonction et au statut du bâtiment
  6. La distribution : la gestion économique des ressources – utiliser les matériaux locaux, adapter le projet au budget et au terrain disponible

Et plus généralement, bien appréhender l’art, c’est d’abord comprendre que le hasard n’y a pas sa place, que la beauté découle de la précision, de l’intelligence de l’artiste et de sa capacité à respecter des règles élémentaires de géométrie et de proportion.

C’est bien là que pêchent bien des artistes modernes et les camées n’y font pas exception. C’est certes malheureux pour les productions modernes mais heureux pour les collectionneurs qui pourront déceler bien souvent d’un simple coup d’œil un travail contemporain.

Les camées authentiques en pierre dure étaient, on l’a dit, particulièrement lents à fabriquer. Plusieurs semaines voire plusieurs mois étaient nécessaires pour façonner une pièce. Cette lenteur permettait aussi de soigner les détails.

La pierre coûtait très cher et c’est à grands frais que l’on importait les plus belles gemmes de l’autre bout de l’Empire. Dans ces conditions, confier de telles pièces à des artisans inexpérimentés était inenvisageable, quant aux maîtres, l’erreur n’était pas permise !

Dans les époques plus tardives et notamment à partir du XVIII° siècle, la demande de camées est si forte que les artistes se mettent à produire en masse: le résultat est sans appel. 

Proportions erronées, travail bâclé, gemmes de mauvaise qualité, surreprésentation des camées sur coquilles tendres… Autant d’éléments qui permettent de faciliter l’authentification d’une pièce aujourd’hui.

L’authentification d’un camée en pierre dure est surtout basée sur la détermination de son époque de fabrication.

Ce n’est pas parce qu’un camée est moderne qu’il ne peut s’agir d’un vrai camée. La sculpture de pierres dures est encore répandue et ce serait aller trop loin que de déprécier le travail parfois très fin de quelques grands noms de la glyptique.

Trois éléments sont nécessaires pour cela.

1. Le matériau

Tout d’abord l’étude du matériau. Le travaillait-on à l’époque prétendu du camée ?

2. La finesse

Le travail de la pierre correspond-il à un travail soigné et minutieux ? Les traces sont-elles mécaniques ou manuelles ? Correspondent-elles aux techniques employées à l’époque prétendue de sa production ?

3. L’iconographie

Pas de secret sur ce point, l’essentiel est encore de connaître parfaitement les thèmes en fonction des époques. De criantes incohérences sont souvent décelables sur les pièces tardives imitant les thèmes antiques. 

Ouvrez l’œil et n’hésitez pas à consulter les bases de données muséales et autres documentations sur le sujet. De nombreux modèles sont répertoriés et s’il n’est pas impossible de tomber sur une iconographie inédite, peu de chance que cela arrive néanmoins.

Trouver un comparatif est encore le meilleur moyen d’assurer une expertise.

Comment différencier les camées des imitations ?

Camée en pierre ou coquille vs. « camée » en résine/plastique

Bien que plus faciles à produire, les camées en coquillage ont néanmoins été souvent copiés en utilisant parfois des matières synthétiques.

Voici ci-dessous quelques astuces afin de les repérer :

La forme

Courbe ou convexe : le dos est rarement parfaitement plat. On peut sentir une légère concavité ou convexité, épousant la forme naturelle de la coquille marine dont il est issu. À l’inverse, si ce camée est plat et uniforme, alors il s’agit de plastique : le dos est généralement plat et très lisse, car il est moulé.

La transparence à la lumière

Translucidité : en plaçant le camée face à une source de lumière forte (ampoule, soleil), le contour du motif est légèrement visible à travers le dos de la coquille. Le plastique ou la résine étant bien souvent totalement opaque, la lumière ne passe pas à travers pour révéler le motif.

La dureté de la sculpture

En l’examinant à la loupe (ou avec un bon zoom), on peut souvent apercevoir de très fines marques d’outils ou des lignes de gravure autour du motif, preuve que la pièce a été sculptée à la main. A contrario, une uniformité artificielle est synonyme de l’utilisation d’un moule. La surface est trop lisse et uniforme, souvent sans aucune trace d’outil manuel.

La finition et l’éclat

Aspect mat/cireux : la surface de la coquille a un éclat doux, naturel, souvent un peu mat ou cireux.

Aspect brillant/plastique : l’imitation a souvent une brillance excessive, un aspect « plastifié » ou laiteux et très uniforme.

Test de température

La coquille (calcium) restera froide au toucher pendant un certain temps, même après l’avoir tenue en main. À l’inverse, le plastique/la résine se réchauffera rapidement au contact de la chaleur de votre main.

Uniformité des pièces

Chaque camée sculpté à la main est unique, ce qui n’est pas le cas dans les productions en série, et bien qu’il existe de légères variations dans les traits ou les couches de couleur, elles conduisent souvent à des camées dont le visage est « parfait » et uniforme.

En résumé :

comment reconnaitre camée en pierre ou coquille vs. résine/plastique

Camée en verre (pâte de verre) et à l’imitation de la pierre dure

Les camées en pierre dure ont également été très souvent copiés en utilisant des matériaux de faible valeur afin de tromper l’acheteur ou simplement afin de fournir un produit de pacotille qui ne présente encore aujourd’hui qu’une faible valeur. 

L’intérêt des fabricants était d’autant plus grand que ces faux camées étaient souvent moulés donc facilement reproductibles. De plus, ils imitaient relativement bien l’aspect de la pierre, donc d’un matériau coûteux nettement plus intéressant qu’un coquillage aussi bien sculpté soit-il.

Voici quelques astuces pour les collectionneurs afin de différencier assez aisément ces imitations :

La température

La pierre reste froide au contact de la peau plus longtemps que les matières synthétiques. Le plastique et la résine absorbent et retiennent la chaleur corporelle et se réchauffent donc rapidement.

Le poids

Lourd/dense: la pierre dure possède une densité élevée. Le bijou est relativement lourd pour sa taille. Quant à lui, le plastique ou la résine est nettement plus léger. Le verre est plus lourd que le plastique, mais souvent moins dense que l’agate.

La dureté

L’agate est à 7 sur l’échelle de Mohs et ne peut donc pas être rayée avec une pointe d’acier (un couteau). Le plastique et la résine eux se rayent facilement.

Le verre (dureté 5,5 à 6,5) peut être rayé par une agate.

Le dos

Le dos peut être légèrement brut, poli simplement, ou présenter des variations de couleur entre les couches, sans être parfaitement uniforme. Parfaitement plats, les moulages sont eux souvent d’une uniformité artificielle.

En résumé :

Comment reconnaitre un camée en verre (pâte de verre) et à l’imitation de la pierre dure

Camée moderne vs. camée ancien

C’est sans doute la question la plus récurrente sur le sujet. Quoique l’ancienneté à elle seule ne suffise pas à faire d’un camée une pièce de valeur, elle peut cependant la décupler.

Camée XIX° siècle, sur monture en Or
Imitation moderne d'un camée

Une bonne connaissance de l’iconographie classique est d’abord indispensable.

Les règles de proportions doivent être respectées: un profil à l’antique dont le visage est déformé ne saurait être une pièce authentiquement ancienne. 

Le matériau est à prendre en compte, les matières synthétiques sont à bannir : AUCUN camée en matière plastique ne peut avoir de valeur, AUCUN.

Même datant de plusieurs décennies, ils ne présenteront jamais le moindre intérêt, inutile donc de s’en encombrer.  Les seuls camées présentant un intérêt sont en matière naturelle ou éventuellement pour des productions anciennes en verre ou pierre de lave (bien que nettement moins recherchés).

Enfin, n’oubliez pas que la technique est essentielle: les camées authentiques étaient sculptés par abrasion manuelle. Cela laisse bien entendu des traces. Observez avec attention la surface de l’objet et tentez d’identifier ces éléments. Les pièces modernes résultent en effet le plus souvent de moulage, ou gravure assistée par machine (laser ou ultrasons).


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Quels facteurs déterminent la valeur d’un camée ?

La matière

Comme toujours, les matériaux employés sont des indicateurs essentiels pour déterminer la valeur d’une pièce. Une gemme de basse qualité, un coquillage de constitution médiocre et c’est toute la valeur de la pièce qui est à questionner.

Premièrement les pierres dures sont le plus souvent bien plus recherchées et donc bien plus chères à l’achat. 

Comme elles sont beaucoup plus difficiles à tailler, leur nombre est en conséquence nettement inférieur à celui des camées sur coquille. Ces derniers sont d’ailleurs très difficiles à vendre sur le marché actuel. Mieux vaut dès lors acquérir une pièce soit en pierre dure soit particulièrement bien sculptée s’il s’agit d’une coquille.

Beaucoup de camées ont également été montés soit au moment de leur création soit postérieurement comme bien des pierres antiques notamment. 

Là encore le matériau sera révélateur. Il est très improbable que l’on ait monté un camée précieux sur une monture en simple métal. Les plus belles pièces sont généralement présentées sur des montures en or parfois richement agrémentées de pierres précieuses.

Dès lors, le camée qui fait l’essentiel de la valeur n’en sera que plus intéressant puisqu’il s’agira d’estimer la valeur d’un ensemble et d’ajouter à la valeur de la pierre sculptée les éléments décoratifs qui l’entoure et la cotation des matériaux joints (or, argent, platine ou autres). 

La qualité de gravure

La qualité de la sculpture et de la gravure est essentielle. Le thème l’est également. 

Les sujets les plus recherchés sont essentiellement les sujets antiques, mythologiques et les sujets historiques tels que des portraits de souverains ou d’empereurs.

Camée, Trésor de la Cathédrale de Chartres

Plus la sculpture est finement réalisée et plus votre camée est susceptible d’avoir de la valeur. 

N’oubliez pas non plus la règle des proportions. Une géométrie mal respectée et votre pièce apparaîtra comme inélégante, probablement moderne ou tardive, autant d’éléments qui la déprécieront immédiatement.

La période

Les camées existent depuis l’Antiquité. Aussi vous ne serez étonnés d’en rencontrer de nombreux exemplaires sur votre chemin de collectionneur. 

La période de fabrication est essentielle. Notez que selon l’époque, les camées ont eu plus ou moins de prestige. Les plus rares et les plus recherchés sont le plus souvent ceux façonnés à l’époque hellénistique ou sous le règne d’Auguste (apogée de la glyptique). 

D’autres camées plus tardifs peuvent avoir une grande valeur mais c’est sans commune mesure avec des pièces antiques. 

Pour autant n’oubliez jamais que la qualité peut bouleverser totalement cette affirmation !

Un camée médiocre bien qu’antique aura certes de la valeur mais nettement moins qu’une pièce du XVIII° siècle signée d’un grand nom tel que Girolamo Miseroni ou encore Jacopo da Trezzo.

La monture

Si nombre de camées ont été montés postérieurement à leur création en broches, colliers ou bagues certains l’ont été dès leur naissance et furent façonnés avec leur monture. 

Cette dernière peut parfois présenter un intérêt tout aussi important que le camée lui-même.

Camée, Diadème de l'Impératrice Joséphine

Par exemple, si un camée en coquillage ne présente d’un point de vue général sauf exception, qu’une valeur limitée sur le marché de l’art actuel, une importante monture en or pourrait changer totalement son intérêt compte tenu de la montée considérable des cours des matières précieuses de ces dernières années. 

La provenance

Certains camées sont particulièrement recherchés pour leur provenance. Cette dernière est souvent négligée et pourtant, elle tient une importance majeure lorsque la pièce est issue d’une collection prestigieuse.

Il faut comprendre que les camées étaient si rares et précieux qu’ils furent l’objet de véritables collections que l’on qualifiait souvent de “collections de pierres dures”. 

Mazarin, Louis XIV ou encore Madame de Pompadour accordaient un grand intérêt à ces gemmes par exemple, et furent tout au long de leur vie, de fervents collectionneurs.

Camée, Louis XV, porté par Mme de Pompadour

Une telle provenance ne saurait que décupler la valeur de votre objet: beaucoup sont connus et répertoriés ce qui facilite aujourd’hui le travail d’expertise par le biais des inventaires et des gravures d’époque.

Nota Bene: Madame de Pompadour (Jeanne Antoinette Poisson, marquise de Pompadour) était non seulement une fervente collectionneuse de camées, mais elle pratiquait elle-même cet art. Elle était l’élève de Jacques Guay (1711-1793), considéré comme le meilleur lithoglyphe du XVIIIe siècle.

Elle s’est passionnée pour la glyptique, et son rôle fut important dans le renouveau et l’essor de cet art en France sous Louis XV. On sait également qu’elle a gravé plusieurs pièces elle-même, dont un camée très classique représentant un profil féminin.

Quelques grands noms de la sculpture de camées

L’Antiquité

Si de nombreux camées sont hélas anonymes, on connaît grâce aux textes et de façon beaucoup plus rare par des signatures répertoriées, certains graveurs célèbres et ce, dès l’Antiquité. 

  • Dioscoride (Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle ap. J.-C.) : graveur grec considéré comme le plus célèbre sous le règne de l’Empereur Auguste. On lui attribue notamment le fameux Camée d’Auguste (Gemma Augustea) du Trésor de Saint-Denis (aujourd’hui à la BNF).
Gemma Augustea

La Renaissance

La Renaissance voit un renouveau de la glyptique, souvent inspirée des modèles antiques.

  • Matteo del Nassaro (vers 1490-1547) : graveur italien, actif notamment en France à la cour de François Ier.
  • Jacopo da Trezzo (vers 1515-1589) : graveur italien, connu pour ses œuvres spectaculaires et pour avoir travaillé pour les cours d’Europe.
  • Girolamo Miseroni (vers 1522-1600) : issu d’une grande dynastie de graveurs milanais, ses ateliers ont produit de nombreux camées et objets en pierres dures.

La période Moderne (XVIIIe – XIXe siècles)

Cette période, notamment avec le néoclassicisme, est un nouvel âge d’or pour le camée.

  • Jacques Guay (1711-1793) : Probablement le meilleur lithoglyphe français du XVIIIe siècle, protégé par Madame de Pompadour qui était elle-même une élève et graveuse de camées.
  • Les Costanzi (XVIIIe siècle) : Deux frères, Giovanni et Tommaso, actifs à Rome et très réputés à l’époque.
  • Benedetto Pistrucci (1783-1855) : graveur néoclassique italien actif en Italie et en Angleterre. Sa renommée était considérable. L’une de ses œuvres majeures fut le célèbre camée dit de La Mort de Milon de Crotone.
  • Giovanni Calandrelli (1784-1852) : un autre graveur italien renommé du XIXe siècle.
  • Nicola Morelli (1771-1838) : graveur italien, également très actif à Naples et Rome.

Comment faire expertiser un camée ?

L’expertise des camées est complexe aussi le premier réflexe de tout amateur non éclairé devrait être encore et toujours de se tourner vers des experts spécialisés.

Bijoutiers et gemmologues

Le gemmologue est l’expert idéal pour confirmer la nature du matériau (pierre dure comme l’agate ou le sardonyx, ou coquille marine), vérifier la présence de traitements ou de contrefaçons (plastique/résine) et évaluer la qualité de la gemme.

Ce choix, bien qu’ayant un prix, pourrait être inadapté pour des pièces anciennes et historiques. 

Un bijoutier spécialisé en joaillerie ancienne pourrait éventuellement vous renseigner mais attention son intérêt restera toujours de vous racheter l’objet en faisant une marge (ce qui est bien normal).

Aussi je vous déconseille d’y avoir recours à moins de vouloir lui vendre directement votre pièce à vos risques et périls en l’absence d’un avis impartial. 

Commissaires-priseurs et experts en glyptique

Les commissaires-priseurs et experts restent les personnes à privilégier pour toute authentification.

Ils sont en effet tenus par la déontologie (du moins on peut l’espérer !). Ils n’ont d’autre intérêt que de valoriser au mieux votre bijou puisque du résultat de la vente aux enchères dépendra leur pourcentage final.

Aussi mieux vaut toujours s’adresser à ce type de professionnel dont l’impartialité est encore la meilleure garantie de ne pas se faire avoir !

Conclusion

Les camées sont aujourd’hui comme à l’époque particulièrement recherchés. 

Ils sont l’expression d’un savoir-faire et d’une maîtrise étonnants quand on sait à quel point leur fabrication était complexe.

Tout comme les monnaies et les médailles, les pierres dures sculptées ont été collectionnées très tôt, dès l’antiquité d’après les textes.

Collectionner aujourd’hui ce type d’objet nécessite bien sûr un certain budget mais de véritables pépites peuvent être découvertes au détour d’une brocante et même aux enchères publiques par faute d’inattention.

Ouvrez l’œil et surtout admirez à quel point la beauté est à portée de main lorsque les artistes et les commanditaires se donnent les moyens de leurs ambitions !

Camée héllénistique de la collection des Gonzagues