Comment reconnaître l’ivoire : Guide complet pour les amateurs d’art

Vous avez hérité d’un objet en ivoire ou envisagez d’en acquérir un, mais craignez de tomber sur une imitation ? Dans un marché où les contrefaçons sont monnaie courante, il est essentiel de savoir distinguer l’ivoire véritable des copies.

De même, la possession et la collection de ce matériau si particulier n’est pas à improviser : en connaître les secrets c’est aussi se conformer à une législation en vigueur qui se durcit progressivement à coups de lois scélérates qui n’ont plus guère que le mot restriction à la bouche.

Ce guide vous fournira des astuces pratiques et des conseils d’experts pour identifier l’ivoire authentique en toute confiance.

Quelles sont les propriétés de l’ivoire ?

Qu’est-ce que l’ivoire ?

L’ivoire est un matériau dur, blanchâtre et lisse, constitutif des dents et défenses des animaux, en particulier des mammifères. 

D’un point de vue strictement scientifique, l’ivoire est composé de dentine, laquelle résulte d’une excroissance minéralisée des cellules de la pulpe dites odontoblastes.

Quels sont les types d’ivoire ?

L’ivoire d’éléphant : le plus connu

On pense souvent à tort que l’on ne trouve de l’ivoire que chez les éléphants, leurs impressionnantes défenses ayant servi depuis la Préhistoire à la confection d’objets sculptés et de parures.

Il n’en est rien. S’il est vrai que les pachydermes ont largement payé de leur sang l’avantage évolutif que la nature leur a conféré, on trouve également de l’ivoire chez les hippopotames, les morses, le narval, le cachalot ou encore les phacochères.

Cela reste pour autant à nuancer car seuls certains mammifères fournissent de l’ivoire en quantité suffisante pour permettre d’être travaillé.

Si des disparités en termes d’aspect permettent de les distinguer, leur structure reste foncièrement similaire. L’usage, en fonction de l’accessibilité à la ressource, s’est fait de façon concomitante à plus ou moins grande échelle selon l’animal concerné.

L’ivoire végétal : une alternative méconnue

L’ivoire végétal est aussi parfois rencontré notamment dans la fabrication d’objets africains.

Il reste cependant nettement moins commun que l’ivoire d’éléphant qui est le principal type d’ivoire que l’on rencontre en collection.

Comment reconnaître l’ivoire ?

Quelles sont les caractéristiques distinctives de l’ivoire ?

L’ivoire a connu un engouement très tôt dans l’Histoire notamment à partir de l’Antiquité bien que ses premières utilisations remontent au Paléolithique.

Ce succès s’explique par les propriétés particulières de cette matière. Dense, d’une blancheur remarquable, bien plus lisse que l’os, l’ivoire permet de réaliser des sculptures d’une très grande finesse.

Nota bene: En 2008 est découverte la Vénus de Hohle Fels. Cette dernière est considérée à ce jour comme l’une des plus anciennes sculptures en ivoire au monde. Elle aurait plus de 35 000 ans.

Vénus de Hohle Fels

Pourquoi l’ivoire fut-il précieux ?

L’ivoire a longtemps été un matériau envié et particulièrement coûteux.

Son coût est évidemment lié à son aspect exotique : les sources d’approvisionnement bien que relativement diversifiées étaient souvent lointaines. L’acheminement était donc difficile ce qui a favorisé sa préciosité.

L’ivoire est difficile également à obtenir car il résulte de la chasse. Les mammifères qui produisent l’ivoire le plus conséquent sont souvent dotés de puissantes capacités défensives.

L’ivoire a pendant des millénaires été le seul type de matériau présentant les propriétés précédemment évoquées.

En conséquence, son utilisation a été très diversifiée ce qui a entraîné une forte demande et donc une hausse de sa valeur.

Evangile de Drogon

Comment distinguer l’ivoire des autres matériaux lui ressemblant ?

Comme toujours, on a cherché dès que ce fut possible techniquement, à en imiter l’aspect par l’utilisation de matériaux moins coûteux.

Si l’on peut évidemment penser à l’utilisation de l’os, il est relativement commun à notre époque de tomber sur des objets réalisés en résine ou en plastique.

Vous l’aurez compris, l’enjeu est grand : confondre un ivoire avec un objet d’un autre matériau peut être une erreur coûteuse. Les objets en résine ou imitant de façon industrielle l’ivoire n’ont pas la moindre valeur. Gare donc aux désillusions.

Comment différencier l’ivoire de l’os ?

L’os est souvent confondu avec l’ivoire.

Lui aussi d’une certaine blancheur, il fut également utilisé dès la Préhistoire. Plus commun et facile à trouver, l’os a longtemps constitué l’ivoire du pauvre. Il est cependant bien différent de l’ivoire.

Objet en ivoire vs. objet en os

L’aspect extérieur

L’os est aisément reconnaissable par ses petits trous et aspérités à sa surface décelables même à l’œil nu. Contrairement à l’os, l’ivoire présente un aspect parfaitement lisse et soyeux.

La couleur

L’os est d’une couleur légèrement différente et plus terne : souvent plus blanc il ne se patine pas tout à fait de la même manière que l’ivoire qui a tendance à prendre un aspect jaunâtre voire brun en vieillissant.

La densité

Il suffit de soupeser l’objet pour déjà distinguer une différence notable entre os et ivoire. L’os est nettement moins dense que ce dernier.

La densité de l’os, de par sa structure est assez faible et par conséquent son poids l’est également bien que son épaisseur puisse être trompeuse à la pesée.

En effet, bien que chimiquement proche de l’ivoire par sa composition, l’os a la particularité de contenir la moelle et des vaisseaux sanguins ce qui lui donne un aspect moins lisse et de petites aspérités en surface qui lui font perdre en densité.

La finesse des sculptures

L’os est souvent bien moins finement sculpté que l’ivoire. Une appréciation formelle difficile à décrire mais qui s’explique par la précédente caractéristique évoquée, la densité. Plus un matériau est dense, plus il est possible de le sculpter avec finesse.

Notez cependant que certaines cultures ont atteint un niveau important dans la sculpture de l’os : en conséquence la finesse de l’objet peut tromper un amateur trop peu observateur.

Comment différencier l’ivoire de la résine et du plastique ?

La résine et le plastique sont les deux principaux médiums ayant permis l’imitation de l’ivoire.

Rassurez-vous il est cependant simple de les reconnaître !

La couleur

L’ivoire n’est jamais parfaitement blanc, il présente plutôt une couleur jaunâtre qui peut aller jusqu’au brun en cas d’absence d’exposition à la lumière. Le plastique a une couleur franche sans nuances.

La patine

L’ivoire se patine contrairement au plastique. Dès lors, certaines parties non exposées à la lumière présentent des nuances de couleur que la matière synthétique ne peut imiter.

La texture

L’ivoire est parfaitement lisse mais il reste une matière vivante.

Un ivoire ancien présente en général des craquelures et gerces, son aspect est bien lisse mais présente d’infimes défauts que le plastique ou la résine ne peuvent reproduire.

L’aspect général

L’ivoire a la particularité d’avoir en légère transparence de fines lignes dans la matière qui correspondent à la croissance de l’animal. Un tel détail n’existe pas dans les reproductions en résine ou en plastique qui sont d’aspect uniforme et sans nuances.

Le poids

L’ivoire est dense. Il est donc nettement plus lourd que le plastique.

Les résidus de façonnage

Le plastique est façonné via un processus de fonte. A contrario, l’ivoire se façonne par la sculpture.

Dès lors des résidus issus de la fabrication en moule et des défauts liés à un usinage médiocre apparaissent fréquemment sur les imitations synthétiques.

Comment différencier l’ivoire de la corne ?

Il est extrêmement simple de différencier l’ivoire et la corne car ces deux matériaux n’ont tout simplement aucun point commun esthétique.

La corne a une translucidité nettement supérieure à celle de l’ivoire en général et surtout elle n’est pas blanche ! Elle a plutôt tendance à présenter des nuances brunes ou caramel et ne peut donc qu’être difficilement confondue avec l’ivoire.

Analyse et authentification de l’ivoire

Les méthodes d’analyse visuelle

L’observation des lignes de Schreger

On l’évoquait déjà plus haut dans cet article, l’ivoire est une matière vivante.

Tout au long de la vie de l’animal dont il est extrait, l’ivoire se développe, grandit, et cette croissance laisse des traces. Ces traces sont précisément l’élément majeur qui permet de bien distinguer l’ivoire des autres matières : on les appelle les lignes de Schreger. 

Elles se présentent à la surface de la matière sous forme de petites lignes parallèles légèrement plus claires que le reste du fond.

Lorsque l’ivoire est coupé de façon transversale, les lignes de Schreger se présentent sous la forme de lignes s’entrecroisant en angles concaves et convexes.

L’absence de telles lignes souligne soit le fait qu’il ne s’agit pas d’ivoire, soit qu’il s’agit d’ivoire marin ou végétal soit, et c’est le cas le plus fréquent, qu’il s’agit d’une imitation synthétique tel que le celluloïd.

Ivoire - Lignes de Schreger

La couleur et la patine de l’ivoire ancien

La patine est un élément majeur de la reconnaissance de l’ivoire.

Matière vivante, elle se modifie avec le temps en prenant une teinte particulière et allant même jusqu’à se fissurer pour les pièces les plus anciennes comme le ferait un bout de bois.

Les idées reçues à propos de l’ivoire

Cet article nous permet de rétablir certaines vérités sur la patine de l’ivoire que bon nombre de sites décrivent de façon parfaitement erronée.

  • NON l’ivoire ne se patine pas en devenant plus blanc ! C’est l’inverse. L’ivoire a tendance à jaunir voire brunir en vieillissant.
  • NON l’ivoire ne jaunit pas en raison de l’exposition à la lumière comme on le lit parfois ! C’est précisément l’absence d’exposition à la lumière qui fait jaunir l’ivoire et je vais vous le démontrer. Prenez le cas de n’importe quel objet ancien exposé dans un intérieur : vous constaterez que la partie exposée à la lumière reste blanche. En revanche le dos de la pièce et sa base ont une coloration jaunâtre qui tend à s’accentuer avec le temps. La patine de l’ivoire n’est donc pas blanche et encore moins uniforme !
  • On lit aussi parfois que l’os jaunit contrairement à l’ivoire : NON et encore NON. L’ivoire jaunit tout autant que l’os et pour une raison simple : ces deux matières présentent d’un point de vue strictement scientifique une grande ressemblance dans leur composition chimique.

Maintenant que ces diverses rumeurs infondées et étonnamment bien répandues dans la plupart des sites internet concurrents sont mises à terre revenons-en à l’essentiel : reconnaître l’ivoire par sa patine. 

Ivoire - Dynastie Ming

Forts des vraies informations en opposition aux stupidités que l’on peut trouver affirmées çà et là sur la toile, par des gens qui n’ont probablement jamais manipulé d’ivoire ou qui ont cru bon de s’improviser experts, vous comprenez que l’enjeu de la patine de l’ivoire est majeur :

  • Premièrement parce qu’il vous permet de distinguer une matière vivante d’une matière synthétique qui par définition ne se patine pas (le plastique peut jaunir mais bien différemment de la manière dont jaunit l’ivoire et surtout de façon bien plus uniforme).
  • Deuxièmement parce que cette patine est la preuve de l’ancienneté de l’objet qui vous est présenté. Soyez sûr qu’un objet d’une blancheur éclatante et uniforme ne peut être une pièce ancienne.

Gare à vous dans ce cas ! Un ivoire récent est interdit à la vente mais aussi à l’achat. Vous risquez dès lors une saisie de votre bien et une amende dans le meilleur des cas…

Voilà pourquoi il est essentiel en ce qui concerne l’ivoire de bien observer la patine. L’erreur n’est pas permise en matière d’espèces protégées !

Nota Bene: Attention l’ivoire peut être artificiellement patiné. Rappelez-vous donc des conseils et explications données plus haut. La patine est une réaction scientifique logique : elle n’est jamais uniforme précisément car un objet en trois dimensions n’est jamais exposé à la même lumière sur toutes ses faces.

Méfiez-vous donc des patines trop parfaites et à l’inverse des patines qui font “trop anciennes”. L’ivoire se patine, certes, mais cette patine doit être en cohérence avec la période de fabrication de l’objet.

La texture et la translucidité

L’ivoire a une texture soyeuse et lisse ce qui a aussi contribué à son succès dans la création d’objets utilitaires et de prestige.

Il est translucide mais légèrement opaque, l’effet de transparence variant essentiellement par l’épaisseur de l’objet analysé.

Enfin, l’ivoire est considéré comme une matière froide. En cas de doute, un test simple permet d’éliminer certaines contrefaçons en portant l’objet à vos lèvres afin de mieux jauger sa température. (Attention ce seul test ne suffit pas à déterminer s’il s’agit d’ivoire ou non.)

Il convient de rappeler que comme dans bien des domaines de la collection, l’identification se fait par un faisceau d’indices.

Ouvrez l’œil et faites les choses méthodiquement et par étapes, c’est encore le meilleur conseil que l’on vous donnera.

Les tests physiques et chimiques

Le test de l’ultraviolet

Ce test simple permet surtout de distinguer les objets en matière synthétique des objets d’origine animale. Pour cela, il suffit de placer sous une lumière ultraviolette à ondes longues (nous utilisons une longueur d’onde de 365 nm) les pièces qui posent question.

La composition chimique de l’ivoire et autres dents et os (contenant de l’hydroxyapatite) rend ces tissus fluorescents sous une lumière ultraviolette à ondes longues. Au contraire, la plupart des plastiques et résines prennent une teinte sombre, pourpre terne ou bleu foncé lorsqu’ils sont examinés sous un éclairage ultraviolet à ondes longues.

Si à lui seul, ce test ne permet pas de déterminer avec précision s’il s’agit d’ivoire ou non, il vous permettra cependant d’éliminer d’éventuelles copies synthétiques.

Le test de l’aiguille

Une astuce simple, si l’observation physique de l’objet ne suffit pas, est de chauffer une aiguille. Lorsque cette dernière devient rouge, appliquez-la sur une partie cachée de l’objet.

Les résultats probables :

  • Si l’aiguille s’enfonce c’est que vous êtes face à une imitation très probablement un dérivé de plastique.

  • Si l’aiguille ne marque pas vraiment l’objet mais que l’odeur qui s’en dégage est celui de cheveux brûlés : il s’agit d’os.

  • Si l’aiguille ne fait aucune trace sur l’objet et ne dégage pas d’odeur particulière : vous êtes probablement face à de l’ivoire.

Précisons ici que l’astuce de l’aiguille n’est en principe pas nécessaire si vous avez attentivement observé votre objet.

L’os et l’ivoire se distinguent assez facilement et les autres critères précédemment évoqués devraient vous permettre de déterminer la présence ou non d’ivoire sans avoir à procéder à de tels tests.

Les analyses microscopiques

Il est toujours possible de procéder à une analyse microscopique de l’objet. Dans la plupart des cas, ce type d’analyse n’a que peu d’intérêt sauf dans un contexte muséal ou de recherche de provenance.

Comment déterminer la valeur de l’ivoire ?

Les critères influençant la valeur de l’ivoire

L’ancienneté

L’ancienneté influe bien évidemment sur la valeur de l’objet. L’ivoire a été utilisé très tôt dans l’histoire de l’humanité. Ses qualités uniques ont conduit les Hommes à tenter de s’en procurer au prix de bien des efforts, ce qui a aussi contribué à sa préciosité.

Le collectionneur d’ivoire doit impérativement s’attarder sur l’estimation de l’ancienneté de l’ivoire, non pas seulement dans le but de faire une bonne acquisition, mais surtout dans le but d’éviter tout déboire juridique.

L’ivoire est une matière sensible issue bien souvent d’animaux protégés conformément à la Convention de Washington. Tout ivoire postérieur à 1947 est en principe interdit à la vente. Une erreur de datation pourrait vous conduire dès lors vers un désastre financier car un ivoire moderne n’a que peu de valeur mais aussi un désastre éthique et juridique. 

L’ivoire est une matière vivante qui réagit à son environnement comme le ferait le bois. La patine liée à l’exposition de l’objet vous permettra d’abord de jauger cette ancienneté. Plus la couleur de la patine est sombre et plus l’ivoire aura tendance à être ancien. Attention cependant aux fausses patines trop uniformes.

Vierge à l'enfant - Sainte Chapelle

L’ivoire ancien présente souvent des gerces : ces fêlures dans la matière sont liées aux conditions d’exposition de l’ivoire en particulier aux écarts éventuels de température et d’hydrométrie.

En gonflant puis en se rétractant, l’ivoire peut à la longue se fissurer. Si l’on pourra regretter cet état sur des pièces récentes, on pardonnera en revanche aux objets d’une grande ancienneté, ces gerces étant dès lors non seulement normales mais aussi constituant la preuve de l’ancienneté de l’objet.

L’ancienneté se détermine ensuite et surtout par la représentation, la qualité de réalisation et le type d’objet. 

Une bonne connaissance de l’histoire de l’art permettra à l’amateur de comparer des œuvres existantes et donc de faire correspondre son acquisition à une époque donnée.

Vous avez un doute sur l’ancienneté de votre ivoire et vous souhaitez le faire estimer ? Contactez-nous. 

La qualité

Le fait que l’ivoire ait longtemps été une matière extrêmement précieuse influe beaucoup encore aujourd’hui sur la valeur que l’on attribue, souvent faussement, aux objets qui en sont issus.

La qualité de l’objet comme toujours doit rester le critère déterminant d’une acquisition de tout bon collectionneur d’art. La densité de l’ivoire permet de réaliser des œuvres d’une extrême finesse. Aussi une bonne acquisition se basera toujours sur la qualité et la rareté de l’œuvre.

Les artisans tabletiers n’avaient pas tous les mêmes aptitudes. Par ailleurs, chaque pays a ses propres capacités et ses propres raretés. Rien de mieux que de connaître le type de pièce dont il s’agit afin de jauger au mieux le côté exceptionnel ou à l’inverse particulièrement commun d’un objet.

L’état de conservation

L’ivoire présente très souvent une patine plus ou moins accentuée selon son ancienneté et ses conditions de conservation.

Elle peut néanmoins se rattraper même si nous préconisons de toujours respecter les patines. Cette dernière a moins d’importance pour la valeur de l’objet que l’état mécanique de la pièce : cassures et fissures sont les pires ennemis de l’ivoire qui bien que dense reste fragile.

Tout peut se restaurer bien sûr, aussi ne faut-il pas passer à côté d’une belle acquisition pour seul prétexte d’un état médiocre.

Cependant, il faut toujours bien vérifier que cet état soit “pardonnable” : il est bien entendu qu’une pièce médiévale aura tendance à être bien plus sujette aux manques et fissures et on lui pardonnera ses défauts contrebalancés par son ancienneté.

En revanche, un ivoire du début du XXe siècle brisé, fissuré avec une patine de mauvaise qualité doit faire réfléchir le collectionneur à la justesse de son achat.

Téléchargez notre guide sur la conservation et la restauration des ivoires afin de valoriser au mieux votre objet.

Soyez vigilants et fins observateurs: c’est encore la meilleure façon de faire un belle acquisition. 

La taille et le poids de la pièce

L’ivoire a toujours été un matériau précieux. Aussi, plus un ivoire est grand et plus il a tendance à être recherché.

La quantité de matière précieuse utilisée est souvent un indicateur du prestige d’une pièce. Pour autant elle n’est pas la seule : certains ivoires de petite taille sont nettement plus rares et valeureux que de grandes défenses brutes.

On ne le répétera jamais assez, tout repose de nouveau sur le faisceau d’indices.

Par ailleurs, ce qui compte est moins la taille que la qualité de l’ivoire utilisé et de sa sculpture. Certaines parties de la défense sont bien moins prestigieuses que d’autres. De même, certains types d’ivoire sont moins précieux que d’autres : l’ivoire marin est moins précieux que l’ivoire d’éléphant par exemple.

Nota Bene: Achetée £5 dans les années 1960 par un antiquaire d’Edinburgh, une pièce d’échec figurant un gardien viking, issue du jeu de Lewis, sculptée dans de l’ivoire de morse au XIIe siècle, a été adjugée 735 000 livres sterling soit 840 000 euros. 

Preuve s’il en est qu’en matière d’ivoire la taille n’est certainement pas un critère essentiel.

Figure gardien viking en ivoire de morse - Jeu de Lewis

L’impact des réglementations sur la valeur de l’ivoire

Les lois internationales (CITES, interdictions de commerce, etc.)

Ces dernières années, le commerce de l’ivoire a été fortement ralenti. La CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), édictée en 1973 et entrée en vigueur en 1975 a profondément durci l’achat et la revente de pièces en ivoire. Cette dernière autorise l’achat de pièces sous réserve d’une datation antérieure à la Convention de Washington du 2 mars 1947.

Autrement dit, tout ivoire postérieur à cette date est désormais interdit de vente mais aussi de possession – et ceci sans doute pour le mieux.

Commerce d'ivoire

La nécessité d’un certificat

La Commission Européenne s’alignant comme souvent sur les dispositions prises par les États-Unis a encore un peu plus sévi sur le commerce de l’ivoire.

Désormais, un certificat CITES est nécessaire pour tout objet réalisé à partir d’une espèce protégée selon l’alinéa duquel elle fait partie (plus de 35 000 espèces sont concernées mais toutes ne nécessitent pas un CITES).

Pour l’ivoire d’éléphant en particulier, ce certificat délivré par la DREAL est une condition sine qua non à toute vente. L’ivoire marin est différemment traité et ne nécessite pas de document particulier.

Attention donc aux collectionneurs qui feraient l’acquisition d’un ivoire postérieur à la convention et gare à ceux qui essayent de vendre de la main à la main sans CITES une pièce même ancienne. Cette pratique est désormais strictement interdite sous peine de saisie et de poursuites judiciaires.

Une réglementation qui va trop loin ?

Sur ce point la législation va, il me semble, bien trop loin et ne fait qu’entraver le commerce d’antiquités de façon parfaitement inutile.

En effet, les dispositions antérieures avaient déjà largement produit leurs effets.

Qui plus est, bon nombre d’objets en ivoire présents dans le cadre de vieilles familles ne possèdent aucun certificat dès lors que la disposition n’était pas en vigueur au moment de leur achat.

Par ailleurs et pour finir sur l’aspect juridique, l’exportation de l’ivoire est désormais strictement contrôlée.

Plusieurs pays en interdisent totalement le commerce tel que les États-Unis et même un objet ancien peut dès lors se trouver saisi suite à une tentative d’entrée sur le territoire américain y compris avec documents de provenance.

Avant d’amener avec vous le crucifix de Mamie, renseignez-vous sur les dispositions à prendre avant toute tentative d’exportation.

Conclusion

Les nombreuses restrictions concernant l’ivoire ont largement affaibli ce marché au détriment de nombreuses antiquités qui en sont constituées.

La tendance ne semble pas à l’apaisement : l’absence des Américains, puis la restriction imposée aux Chinois plus récemment, ont également contribué à une baisse importante de la valeur de ces objets.

Cette tendance générale ne doit cependant pas occulter les brillants résultats obtenus pour des pièces majeures aussi mon conseil est-il le suivant : faites des acquisitions d’ivoire de façon raisonnée et montrez-vous sélectifs.

La beauté immaculée de cette matière ne doit pas vous éloigner de votre but de constituer une collection saine et bien pourvue plutôt que d’accumuler des pièces mineures qui continuent leur perte de vitesse.