Ah les enchères, les salles de vente, les œuvres d’art en cascade, le spectacle, l’amour du beau…
Il y a bien des raisons de se passionner pour le monde de l’art et d’ambitionner de devenir l’un de ses maîtres (au sens propre comme au figuré). Car parmi ces métiers fort convoités dans un milieu qui s’appuie sur un soupçon de rêve, celui de commissaire-priseur est sans nul doute et de loin, le plus plébiscité.
Mais ne vous y trompez pas : si le jeu en vaut la chandelle, le parcours d'accession à ce métier d'exception n'en sera pas moins semé d'embûches et d'exigences.
À travers cet article, découvrez un aperçu complet et sans concession de ce qu'il faut savoir pour devenir commissaire-priseur : formations, qualités requises, missions et débouchés.
Qu'est-ce qu'un commissaire-priseur ?
Définition commissaire-priseur
Un commissaire-priseur est une personne chargée de l’estimation et de la vente d’objets mobiliers pour le compte de particuliers ou d’entreprises. Il est habilité à estimer, expertiser et vendre aux enchères publiques des objets mobiliers, tels que :
- Meubles et objets d'art : tableaux, sculptures, objets décoratifs, etc.
- Bijoux et montres : bagues, colliers, bracelets, pendentifs, etc.
- Vins et spiritueux : grands crus, bouteilles rares, etc.
- Véhicules : voitures de collection, motos, etc.
- Livres et manuscrits : éditions anciennes, livres rares, etc.
- Objets de collection : jouets, monnaies, timbres, objets de charme etc.
Il joue un rôle essentiel dans le marché de l'art en garantissant la transparence et la sécurité des transactions, intervenant dans divers contextes :
- Ventes aux enchères publiques
- Expertises
- Conseils et assistance
- Inventaires et partages
En résumé, le commissaire-priseur est un professionnel aux multiples facettes, essentiel à la transmission du patrimoine culturel.
Les différents types de commissaires-priseurs
Il existe deux types de commissaires-priseurs :
- Les commissaires-priseurs de justice
- Les commissaires-priseurs volontaires (OVV).
Si la réalité du métier fait revêtir à l’un et à l’autre des casquettes qui se confondent parfois, ils se distinguent par l’exercice de leur fonction et le contenu de leur vente. Leur statut diffère notamment depuis la loi du 20 juillet 2000 qui dispose pour l’un comme pour l’autre, des attributions qui lui sont propres.
Le commissaire-priseur au service de l’État
Il s’agit d’un officier ministériel nommé par le garde des Sceaux chargé de la vente de biens mobiliers, soit prescrite par la loi, soit consécutive à une décision de justice comme lors d’une saisie. Son exercice est subordonné à l’achat d’une charge ou d’un office.
Il ne peut exercer qu’en remplacement d’un prédécesseur sauf et par exception dans le cas d’un office dit vacant. Un examen supplémentaire est nécessaire afin d’en obtenir le statut.
Le commissaire-priseur au service des particuliers
Le commissaire-priseur volontaire n’est pas un officier ministériel.
Il est un opérateur de vente volontaire (OVV) : autrement dit, il agit comme mandataire d’un propriétaire venu délibérément lui confier son bien.
Ce type de commissaire-priseur est habilité par le Conseil des Ventes et l’exercice de sa fonction ne nécessite pas l’achat d’une charge. Contrairement au commissaire-priseur judiciaire, une formation classique suffit. Il n’est en conséquence pas habilité à conduire une vente judiciaire.
Le métier de commissaire-priseur en pratique
Quelles sont les missions d’un commissaire-priseur ?
Bien qu’il revête bien des casquettes, le rôle du commissaire-priseur peut se résumer en trois points majeurs :
1. L’expertise et l’estimation
Le commissaire-priseur intervient auprès des particuliers et des entreprises pour inventorier, lister et estimer divers biens, que ce soit dans le cadre d'une succession, d'une expertise pour assurance, ou à la demande du propriétaire.
L’estimation, qui consiste à fixer un prix basé sur des critères objectifs, va de pair avec l’expertise. C’est un aspect crucial du métier, souvent moins visible que la vente aux enchères, mais essentiel pour évaluer les qualités de l’objet : son ancienneté, ses caractéristiques formelles, son auteur, et son lieu de fabrication.
Ces éléments permettent non seulement de vérifier l’authenticité du bien mais aussi de déterminer avec précision sa valeur marchande.
2. La conception des ventes
La conception des ventes, généralement publiques et parfois de gré à gré, constitue la deuxième mission majeure du commissaire-priseur. Après avoir établi la fiche descriptive de chaque objet pour sa publication dans un catalogue papier ou en ligne, le commissaire-priseur doit également :
- Faire photographier les objets
- Réaliser la mise en page de la publication
- S'assurer que toutes les formalités administratives soient correctement effectuées (mandats de vente, autorisations spéciales pour certains objets, etc.)
- Concevoir l’exposition des différents lots en vue de la vente proprement dite
L'exposition publique permet aux acheteurs potentiels de venir examiner chaque pièce avant la vente.
3. La vente proprement dite
Le commissaire-priseur en est le chef d’orchestre. Muni de son fameux marteau, il en conduit l’enchère depuis sa tribune, assisté de ses clercs et éventuels experts. Il annonce à voix haute les différents paliers d’enchères, indique quel acheteur est le mieux disant et surtout - et c’est là l’élément majeur de toute vente publique : il prononce l’adjudication avec son célèbre coup de marteau suivi du terme “Adjugé”, lequel scelle la vente de façon définitive et attribut à l’adjudicataire son lot.
La vente est une pièce de théâtre à l’atmosphère feutrée : en général moins solennelle qu’on peut le penser, le commissaire-priseur y joue le rôle d’acteur principal et doit faire montre de tout son talent pour enthousiasmer les enchérisseurs.
Quelles sont les qualités requises pour devenir commissaire-priseur ?
Ce métier est toujours présenté d’un point de vue très général en mettant l’accent sur la formation plus que sur les réelles missions et objectifs du commissaire-priseur. On oublie souvent qu’il est question avant toute chose de vente, laquelle nécessite plusieurs qualités.
Passion pour l'art et l'objet
Un commissaire-priseur doit avant tout être animé d'une passion sincère pour l'art et les objets, afin de les expertiser avec justesse et les présenter avec enthousiasme.
Savoir oui - savoir en parler aussi
Le commissaire-priseur n’est pas seulement un vendeur, c’est un sachant généraliste autant en droit qu’en histoire de l’art.
Une excellente culture générale est donc primordiale pour exercer. D’abord parce que c’est sur cette culture que s'appuiera le professionnel pour établir son expertise mais aussi parce qu’il fera souvent face à des collectionneurs eux-mêmes sachants.
Ces derniers ne sauraient prendre au sérieux une vision erronée d’un objet, une datation maladroite, une expertise faussée précisément par manque d’expertise. On ne peut être expert en tout, certes, mais l’important est surtout d’éviter de n’être expert en rien !
Être fin psychologue
Ensuite et on en parle que trop peu : le rôle du commissaire-priseur - son objectif primordial - est de constituer un stock d’objets en vue de vente, encore faut-il convaincre les vendeurs de confier leurs biens.
C’est là le versant psychologique du métier : comprendre les attentes de son interlocuteur, faire preuve d’empathie, afficher en toutes circonstances une certaine assurance, savoir mettre en confiance et rassurer sont autant de choses indispensables pour convaincre.
On peut être le plus grand expert du monde mais même le meilleur ne peut rien contre les sentiments humains : On convainc par sa connaissance, certes, mais aussi comme dans tous les métiers de la vente par son attitude. Soignez votre présentation et surtout soyez sûrs de vous !
Être commercial
Être bon commercial, une qualité proche de celle évoquée plus haut est également essentiel. N’oubliez pas que le commissaire-priseur est un négociateur, partout, tout le temps.
Vous devrez toujours mettre en balance l’envie de sortir un dossier et la question de la rentabilité. Les frais de vente sont votre commission mais se montrer bon commercial est aussi savoir juger de la pertinence de les revoir à la baisse lorsque c’est nécessaire.
Soyez malin, calculez bien et surtout négociez bien !
Avoir le sens de l’objet
Une qualité essentielle pour devenir un bon commissaire-priseur est de savoir mettre en scène sa vente.
Bien vendre c’est savoir mettre en valeur un objet, mettre en exergue ses qualités intrinsèques pour en faire ressortir l’intérêt commercial.
L’expertise ne vous sert à rien si vous ne vendez pas. Car un objet qui n’est pas vendu n’engendre aucun frais de vente, autrement dit, vous aurez travaillé pour rien. Le sens de l’objet c’est le comprendre, en saisir l’enjeu et se mettre à la place de l’acheteur, saisir ses motivations.
En résumé, avoir le sens de l’objet, c’est savoir le présenter de manière à séduire et convaincre les acheteurs potentiels, transformant ainsi une simple expertise en une vente réussie.
Être un bon acteur
La vente est comme précisée plus haut une pièce de théâtre dans une ambiance feutrée. La solennité de l’instant ne doit pas faire perdre de vue l’importance d’animer la vente, de la rendre attrayante et de pousser les enchérisseurs à faire monter les prix. Soyez inventifs, soyez drôles, charismatiques et joueurs.
Le feu de l’enchère se travaille et s’alimente. Une vente sans enthousiasme perd mécaniquement de son potentiel commercial. Vous êtes l’acteur principal de la vente : tenez votre rang. La tribune est une scène, à vous de l’occuper !
Comment devenir commissaire-priseur ?
Quelle formation pour devenir commissaire-priseur ?
On vous mentirait si l’on vous disait que devenir commissaire-priseur est un jeu d’enfant.
Votre parcours ne sera pas facile mais croyez-nous, personne ne regrette de l’être devenu, et ce n’est pas pour rien ! Les opportunités professionnelles et la satisfaction intellectuelle que procure ce métier en font un choix de carrière passionnant, très loin de la monotonie qu’on attribue souvent à la vie de bureau.
Il y a plusieurs voies pour devenir commissaire-priseur.
Le parcours classique : Droit + Histoire de l’Art
Le parcours le plus classique pour devenir commissaire-priseur combine une formation en droit et en histoire de l’art. Ce double diplôme peut être obtenu soit par le biais d’une bi-licence, (qui vous fera gagner plusieurs années mais à vos risques et périls), soit en obtenant d’abord une licence en histoire de l’art puis une licence en droit. Il faut donc entre 3 et 6 ans pour obtenir les prérequis nécessaires à la présentation d’une candidature à l’examen.
Cette formation dans les deux disciplines est une condition sine qua non à l’examen d’entrée. Ce dernier se veut complexe et nécessite une excellente préparation et une connaissance solide du marché de l’art.
Une fois obtenu, cet examen vous conduit à une formation de deux ans par le biais d’un stage rémunéré en maison de vente.
Vous serez alors considéré comme “élève commissaire-priseur” avant de passer à l’issue de ces deux années, un dernier examen qui vous permettra cette fois en cas de réussite, d’obtenir le graal, votre marteau et donc votre agrément pour conduire une vente aux enchères.
La seconde voie : devenir clerc d’étude
Il existe un second moyen de devenir commissaire-priseur : devenir clerc d’étude. Cette voie est plus longue et probablement plus difficile que la formation classique. Il vous faudra 7 ans pour pouvoir passer le concours, mais elle offre l’avantage de permettre une entrée plus rapide dans la vie active, vous donnant le temps de remplir les prérequis nécessaires.
En tant que clerc d’étude, vous acquerrez une expérience pratique précieuse tout en travaillant dans le domaine des enchères. Après ces sept années, vous serez éligible pour passer le concours et, si vous réussissez, obtenir votre agrément pour devenir commissaire-priseur.
Où travailler à la sortie d’école ?
Il existe une myriade de maisons de ventes aux enchères et d'hôtels des ventes en France, à Paris et en région. Il est donc facile de trouver où postuler. Bien que toutes ne recherchent pas toujours un commissaire-priseur habilité, un candidat compétent trouvera toujours sa place dans ce secteur très concurrentiel.
Choisissez votre maison avec soin : c’est le meilleur moyen d’enrichir votre CV avec une expérience solide et de vous bâtir une réputation sérieuse. Restez informé des opportunités et ciblez les maisons qui correspondent à vos ambitions de carrière.
Quel est le salaire d'un commissaire-priseur ?
Quel est le salaire moyen d’un commissaire-priseur en France ?
Et la rémunération dans tout ça ? En France, le salaire moyen d’un commissaire-priseur salarié débutant dans une maison de ventes aux enchères est compris entre 2 500 et 3 500 euros net par mois environ.
La moyenne de salaire d’un commissaire-priseur dans l’Hexagone, bien que les rémunérations soient très disparates selon les maisons et les ventes réalisées, oscille entre 50 000 et 75 000 euros bruts par an soit peu ou prou entre 4 500 et 8 000 euros par mois.
Quels facteurs influencent le salaire d’un commissaire-priseur ?
Le salaire d'un commissaire-priseur varie considérablement en fonction de plusieurs facteurs, tels que :
- Le statut du commissaire-priseur : Les commissaires-priseurs salariés perçoivent généralement un salaire fixe, tandis que les indépendants touchent une commission sur les ventes qu'ils réalisent.
- L'expérience et la notoriété : Un commissaire-priseur expérimenté et reconnu aura tendance à gagner plus qu'un débutant.
- La localisation : Les commissaires-priseurs exerçant dans les grandes villes et les zones touristiques ont généralement des revenus plus élevés que ceux des zones rurales.
- Le type de ventes : Les ventes d'objets d'art de grande valeur génèrent des commissions plus importantes que les ventes d'objets courants.
Les commissaires-priseurs les plus rémunérés sont généralement ceux qui dirigent leur propre maison de ventes et qui sont spécialisés dans la vente d'objets d'art de grande valeur. Ils peuvent gagner plusieurs centaines de milliers d'euros par an.
Un métier d’élite
Un marteau à tout prix
Le métier de commissaire-priseur est difficile mais passionnant, jouissant d’une attractivité importante. De nombreux prétendants aspirent à cette carrière, mais peu sont choisis. La profession est soumise à un numerus clausus, ce qui signifie que le nombre de commissaires-priseurs autorisés à exercer est limité.
Ouverture à la concurrence
L’ouverture à la concurrence, notamment des sociétés de vente anglo-saxonnes, et l’abolition du monopole autrefois détenu par les commissaires-priseurs ont mis fin à une hégémonie qui ne pouvait durer dans une économie mondialisée. La vente par internet a également accru ces difficultés.
Un secteur compétitif
La profession n’est pas foncièrement fermée – les meilleurs trouvent leur place dans ce secteur très concurrentiel. Cependant, cette voie n'est ni la plus simple ni la plus ouverte. Orientez-vous en connaissance de cause et retenez bien que comme dans tout métier c’est encore d’être le meilleur qui compte !
Les évolutions possibles du métier
Si le métier de commissaire-priseur est un aboutissement en soi, compte tenu de son accès difficile et de son statut prestigieux, cela n'empêche pas d'évoluer au sein de la profession et d'explorer de nouvelles facettes de ce domaine passionnant.
Approfondir son expertise et sa spécialisation
Un commissaire-priseur peut continuer à se perfectionner dans son domaine de prédilection, qu'il s'agisse de peinture, de sculpture, d'art moderne ou d'un autre domaine spécifique. Il peut également se spécialiser dans un type d'objet particulier, comme les bijoux, les meubles ou les vins.
Développer son réseau et sa clientèle
Le succès d'un commissaire-priseur dépend en grande partie de ses contacts et de sa clientèle. Il est donc important de continuer à développer son réseau en participant à des événements professionnels, en rencontrant des collectionneurs et des marchands d'art, et en s'impliquant.
Diriger sa propre maison de vente
Pour les commissaires-priseurs les plus ambitieux, il est possible de créer sa propre maison de vente. Cela représente un défi entrepreneurial important, mais c'est également une occasion de se forger une réputation et de devenir un acteur majeur du marché de l'art.
Obtenir le grade d’Officier ministériel
Il est enfin possible d’accéder au grade d’officier ministériel sur désignation du garde des Sceaux ou d’une commission au sein du Tribunal de Grande Instance. Mais pour un commissaire-priseur habilité aux ventes volontaires cette évolution n’est pas nécessairement enviable et l’on peut faire aussi bien voire mieux sans obtenir un tel statut.
Explorer les autres débouchés liés au marché de l’art
Contrairement à ce que l’on peut lire sur d’autres sites, passer de commissaire-priseur à galeriste ou expert en art n’est certainement pas une évolution : ce n’est tout simplement pas le même métier ! D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’on ne voit jamais un commissaire-priseur lâcher son marteau…
Pour autant, les opportunités dans le monde de l’art ne manquent pas : rien ne vous empêche de vous reconvertir dans la vente d’objets de gré à gré, dans le courtage, dans l’expertise en cabinet… Mais il est bien rare que l’on délaisse un métier d’un tel prestige et si vous avez lu ce qui précède vous comprendrez aisément pourquoi !
Conclusion
En conclusion, devenir commissaire-priseur est un parcours d'excellence qui exige passion, talent et persévérance. C'est un métier passionnant et gratifiant qui permet de travailler au contact d'objets d'art exceptionnels et de contribuer à la préservation du patrimoine culturel.
Si vous êtes fasciné par le monde de l'art, doté d'un excellent bagage intellectuel et de solides qualités relationnelles, alors le métier de commissaire-priseur peut être un choix de carrière idéal pour vous.
N'oubliez pas que la concurrence est rude et que seuls les meilleurs parviennent à se hisser au sommet. Mais si vous avez la détermination et l'ambition nécessaires, vous avez toutes les chances de réussir dans ce domaine passionnant.
Soyez audacieux et travaillez dur, “Audaces fortuna juvat” - la fortune sourit aux audacieux !