La monnaie, par sa fonction quotidienne, nous semble particulièrement familière, commune au point de croire qu’elle a toujours existé. Pourtant les premières monnaies ne furent frappées qu’au VIIe siècle avant J.-C. en Lydie puis dans le reste de l’Asie Mineure.
On peine à imaginer un monde sans monnaie. Pourtant l’humanité a vécu plus longtemps sans qu’avec ! Si des paléomonnaies ont pu exister çà et là, le système de troc a été l’usage le plus commun, dans un monde essentiellement tourné vers l’agriculture.
Les premières monnaies furent frappées sans réel but d’échange - mais bien pour affirmer la puissance de la Cité émettrice. Rien ne permet d’affirmer en l’état actuel de nos connaissances un usage prédéfini autre que celui du prestige. En cela, les monnaies primitives s’apparentent plus à des médailles qu’à une monnaie moderne telle que nous la connaissons.
Nota Bene: la première monnaie (stricto sensu) a été frappée à Sardès sous le règne du roi Alyattès (610-560 av J.-C.). Sa circulation était uniquement locale et reposait sur un échange proche du troc.
La valeur de la monnaie reposait, dans les premiers temps, sur la quantité de métal précieux qu’elle contenait (or, argent ou électrum). La garantie de cette valeur s’établit d’abord par l’autorité d’un roi ou d’une corporation de marchands avant que tout échange n’ait pu débuter. On ignore cependant les éléments précis qui ont conduit à cette fixation de la valeur.
Comment savoir si une pièce de monnaie a de la valeur ? C’est ce que nous allons voir tout de suite dans ce guide.
Quelles sont les étapes pour estimer une pièce de monnaie ?
Identifier l’année, la provenance et le tirage
Ancienneté = synonyme de valeur ?
Comme pour bien des antiquités, l’ancienneté de l’objet tient un rôle important dans la valeur d’une monnaie.
Mais rappelez-vous que ce seul critère n’est nullement révélateur d’un prix. Même antique, une monnaie peut s’avérer commune, faible en qualité, usée et donc sans valeur particulière.
L’expertise consiste donc à dresser un faisceau d’indices qui vous permettra de déceler après examen de chaque critère, l’authenticité et la valeur de votre objet.
Le recours à un expert restera toujours la voie recommandée.
Les premières monnaies ne furent frappées qu’aux alentours du VIIe siècle av. J.-C. mais dans une variété tellement considérable qu’il est presque impossible d’en posséder chaque exemplaire.
Plus votre monnaie est ancienne, plus elle est susceptible d’avoir été produite en faible quantité et donc d’être rare.
Les cotes en fonction du type de monnaie
Il existe des cotes relativement précises en fonction du type de monnaie que vous possédez. Celles-ci reposent sur l’état, la qualité, la quantité d’exemplaires produits ou connus et bien évidemment sur le métal utilisé.
Ainsi, même moderne et commune, une monnaie d’or gardera une valeur importante due au métal précieux utilisé. Dans ce cas, on tendra à faire reposer l’estimation sur le poids total de l'objet.
Comment identifier l’année ?
Rien de plus simple dans la plupart des cas !
La datation par l'inscription
De très nombreuses monnaies sont directement datées, le plus souvent en bordure.
Mais si ce n’est pas le cas, vous pouvez vous concentrer sur le décor et le reste des inscriptions :
- De quel type de monnaie s'agit-il ?
- Qui est représenté au revers ?
- Quel métal est utilisé ?
Le type de monnaie
Pour vous aider à comprendre ce qu’est le type de monnaie, prenons un exemple.
Le liard de France apparaît en 1649 et fut officiellement adopté à partir de 1654 sous le règne de Louis XIV. La dernière frappe connue de ce type de monnaie remonte à 1792 bien qu’il reste en usage jusqu’en 1856, année de sa démonétisation.
Ainsi, sans même qu’une date ne soit lisible, il vous est aisé d’en deviner la période de production. Il en va de même des autres types de monnaies qu’elles soient antiques ou modernes.
Reconnaître le type c’est encore pouvoir déterminer en fonction des années la quantité produite et donc la rareté.
Le liard de France a par exemple été produit en grand nombre. De plus, il fut longtemps la plus petite dénomination monétaire du royaume. En conséquence, sa valeur est relativement faible sur le marché actuel.
À l’inverse, les monnaies dont la valeur fiscale était, dès l’année de leur émission, assez élevée, ont tendance à être plus rares.
De la même manière, il est bien moins commun aujourd’hui de rencontrer un billet de 500 euros que d’en détenir un de 20. Il est donc parfaitement logique, outre le métal utilisé, qu’un Louis d’or émis sous Louis XV ait de fait une plus grande rareté qu’un liard produit sous Louis XIV et donc une valeur plus importante.
La représentation
Souvent à l’avers et de profil, il est très commun de rencontrer en numismatique des portraits de rois ou de grands personnages.
Si la représentation seule ne peut garantir une datation compte tenu des pratiques d’hommage posthume, elle pourra, combinée à la lecture des inscriptions présentes sur la monnaie, permettre de replacer l’exemplaire dans un règne ou un mandat et donc de dater la monnaie.
De la même façon, l’iconographie peut permettre de déterminer d’un rapide coup d’œil si une monnaie est antique ou moderne.
Le type de métal
Il est évident, mais rappelons-le ici quand même, qu’on ne peut trouver une monnaie composée d’un alliage moderne à une période à laquelle il n’existait pas.
Dès lors qu’un alliage ne correspond pas à l’époque prétendue de la monnaie, il y a de fortes chances que cette dernière soit fausse ou qu’il s’agisse d’une simple copie.
C’est aussi un indice permettant de dater une monnaie ou tout du moins de s’assurer de son authenticité.
Déterminer le métal utilisé
La valeur de la monnaie a été établie dans les premiers temps par la quantité de métal précieux utilisé pour la façonner. Pour autant, dès l’Antiquité, des monnaies de bronze et de cuivre circulent témoignant d’un bouleversement dans la fixation de sa valeur.
Les métaux les plus précieux dans leur ordre de valeur sont : l’or, l’électrum, l’argent, le billon, le bronze, le cuivre, le laiton, le zinc et l’aluminium.
Bien sûr, plus le métal utilisé est précieux et plus la valeur de la monnaie, à l’époque comme aujourd’hui, aura tendance à être élevée. Sauf exception, il est très improbable qu’une monnaie en or ait la même valeur qu’une monnaie de cuivre.
Examiner l’état de conservation de la pièce de monnaie (qualité, usure, etc.)
L’usure et l’état général de la pièce de monnaie
On ne le dira jamais assez ! Il faut toujours se concentrer sur des achats de qualité.
Or, les monnaies par leur usage quotidien ou par leur ancienneté ont souvent été soumises à de rudes épreuves. L’usure, les éventuelles cassures et restaurations sont autant d’éléments sur lesquels un collectionneur averti devra porter son attention.
Si dans de rares cas, une monnaie compte tenu de sa rareté reste enviable même usée, cela reste une exception.
Le plaisir du numismate reste de pouvoir exploiter sa monnaie, d’en déchiffrer les caractères, d’en identifier chaque détail : une monnaie n’est pas une simple rondelle de métal. C’est avant tout un témoignage dont les reliefs donnent des informations.
Rappelez-vous, que sauf exception, il est inutile de garnir vos médailliers de monnaies si usées qu’on ne peut à peine les lire !
On appelle d’ailleurs ces exemplaires fatigués “des savonnettes” car elles n’ont plus aucun relief. Autrement dit, plus aucun intérêt, pas plus documentaire qu’économique.
On pardonnera à des monnaies antiques de présenter une usure conséquente mais certainement pas à une monnaie moderne.
Le graal pour un numismate reste de découvrir des monnaies dites “fleur de coin” autrement dit ne présentant quasiment aucune usure ni rayures. Même relativement communes les monnaies “fleur de coin” sont recherchées dans la plupart des cas.
L’état de l’objet se définit en numismatique par des abréviations précises qui permettront de déterminer en fonction d’un tirage donné, la cote actuelle de l'essentiel des monnaies que l’on peut trouver sur le marché.
Ces abréviations sont : B, TB, TTB, SUP, SPL et FDC (Fleur de coin).
La patine
Les collectionneurs ne sont pas toujours assez attentifs à la qualité de la patine d’une monnaie.
La patine n'a pas toujours à être parfaitement uniforme. Elle doit surtout témoigner de l’ancienneté d’une monnaie, d’un métal qui n’est pas à nu, et surtout elle doit permettre une bonne lisibilité de l’objet.
Un nettoyage agressif peut détruire une grande partie de la valeur d’une monnaie. Vous n’êtes pas sûr du produit à utiliser ? Ne faites rien ! L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Pour découvrir comment entretenir vos monnaies et différentes techniques afin d’en améliorer la lisibilité et la qualité, suivez notre guide en cliquant sur ce lien.
Considérer la rareté et la demande du marché
Les monnaies comme la plupart des antiquités obéissent à la loi du marché. Autrement dit, l’offre et la demande.
Une pièce de monnaie rare sera souvent cotée mais ce n’est pas le seul critère et cette rareté ne tient pas une minute devant l’absence de demande.
Il est relativement aisé aujourd’hui de consulter sur des sites spécialisés le nombre de tirage d’une monnaie en fonction de son année de production.
Ce critère combiné à l’état précédemment évoqué, vous permettra de déterminer plus ou moins précisément une fourchette d’estimation adéquate pour votre objet.
Où faire estimer ses pièces de monnaie ?
Les professionnels de la numismatique
Nombreux tirages, types extrêmement variés, état difficile à établir pour un néophyte, l’univers des numismates est souvent nébuleux pour l’amateur non averti.
L’avis d’un professionnel ne sera jamais remplacé par une recherche internet. Si cette dernière peut vous aiguiller, elle n’exclut en rien le recours à un regard plus averti qui sera également en mesure de déceler des problèmes liés à l’authenticité.
Il existe de nombreuses boutiques de numismates en France. Ces dernières seront en mesure de réaliser pour vous une première estimation.
Méfiance cependant : un numismate n’en reste pas moins un marchand - n'oubliez pas que sa vocation demeure de faire un bénéfice !
Une marge qui peut dans certains cas ne pas être à votre avantage. Ne vous précipitez pas et prenez le temps de vous renseigner avant de vendre au premier professionnel venu un bien de famille que vous pourriez vite regretter.
Les maisons de ventes aux enchères
Comme toujours, les maisons de ventes aux enchères restent la voie privilégiée afin d’obtenir une estimation la plus juste possible en fonction de prix constatés sur le marché de l’art.
Dans l’hypothèse d’une valeur numismatique importante, un commissaire-priseur aura souvent recours à un expert indépendant qui interviendra pour le compte de la maison de ventes dans l’expertise de votre bien.
L’avantage est simple : un commissaire-priseur ne tire sa rémunération que sur le pourcentage prélevé sur le montant total de vente. Il a donc tout intérêt à mener à bien les recherches nécessaires afin de vendre le plus cher possible votre monnaie. C’est donc un gage de crédibilité mais aussi d’impartialité à l’inverse d’un marchand.
Les forums et les communautés en ligne
Les collectionneurs de monnaie sont nombreux en France et à l’étranger. Ces derniers ont depuis plusieurs années créé des sites en ligne et des forums afin d’échanger sur le sujet.
Leur avis peut constituer un premier aiguillage intéressant mais attention, ces passionnés ne sont pas des professionnels du marché.
Gare aux désillusions !
Les erreurs à éviter lors de l’achat d’une pièce de monnaie
Ne pas se fier uniquement à l’âge d’une monnaie
Comme évoqué précédemment, l’ancienneté d’une monnaie ne constitue pas à elle seule, un critère de rareté et encore moins de valeur.
D’ailleurs vous constaterez aisément que les exemplaires les plus chers du monde sont en réalité assez tardifs (XVIIe et XVIIIe siècle essentiellement).
La valeur historique n’est pas toujours gage d’une valeur économique.
Les fausses pièces de monnaie : comment les détecter ?
Sur ce point, la vigilance est de mise. Les faux sont plus courants qu’on ne le croit y compris en numismatique. Montrez-vous malins et logiques : une monnaie dont on sait qu’elle fut frappée ne peut pas être moulée !
Aussi, observez attentivement les reliefs. Sont-ils francs ? De qualité ? La ciselure correspond-elle aux critères de la période ?
Concentrez ensuite votre regard sur l’iconographie. Est-elle juste ? Le visage de l’empereur ou du roi est-il anormalement déformé ? Les inscriptions en légende comportent-elles des erreurs ? La date est-elle juste en fonction du tirage ?
Autre recours, mesurez et pesez votre monnaie et comparez les éléments obtenus avec des exemplaires déjà connus et répertoriés. Les mesures sont-elles plus ou moins exactes ? Ou présentent-elles des différences anormales ?
Il reste également le test scientifique pour déterminer la qualité de l’alliage utilisé. Cet alliage correspond-il à des exemplaires connus ? Il est très improbable que seule votre monnaie présente une caractéristique que l’on ne trouve nulle part ailleurs à quelques exceptions prés.
Ne soyez pas crédules : la collection c’est avant tout savoir choisir ses batailles.
Comment vendre ses pièces de monnaie ?
Où vendre ses pièces de monnaie ?
Il est très facile à l’heure actuelle de vendre une monnaie. La vendre bien n’est pas toujours aisé.
Prenez la décision de vendre en connaissance de cause et surtout avec un avis ÉCLAIRÉ. On ne vend pas quand on ne sait pas ! Faites estimer votre bien tout comme vous demanderiez une estimation à un agent immobilier avant de vendre votre maison.
Pour les monnaies les plus rares, notre conseil est de faire appel à un professionnel : demandez l’avis d’un commissaire-priseur et d’un expert si nécessaire.
Pour les monnaies les plus courantes, d’une valeur relativement faible et dont la cotation est assez stable, préférez les ventes de gré à gré via des sites en ligne.
Quelles sont les monnaies les plus rares ?
Il est impossible de dresser ici la liste exhaustive de toutes les monnaies les plus cotées. Mais vous trouverez ci-dessous quelques exemples de pièces particulièrement exceptionnelles qui ont récemment fait des étincelles sur le marché de l’art.
La One Dollar 1794 Flowing Hair (Spécimen Green-Contursi-Cardinal) - 8 506 000 €
La 20 Dollar 1933 Double Eagle (Spécimen Farouk) - 6 446 000 €
Le Dinar en or Umayyad 723 AD - 5 120 000 €
La Doublon Brasher 1787 EB on Wing (Spécimen Newlin-Davis) - 3 893 000 €
Le Denier d'or à l'effigie de Brutus frappé en 42 av. J.-C. - 2 993 000 €
Conclusion
La numismatique est un domaine passionnant qui permet de retracer une partie conséquente de notre Histoire aussi bien antique que moderne. C’est également une passion partagée par plusieurs millions de collectionneurs à travers le monde.
Attelez-vous à constituer la collection la plus belle qui soit. En suivant nos conseils, procédez à vos premiers achats.
N’oubliez pas, mais nous préférons vous le rappeler : c’est en forgeant que l’on devient forgeron ! Au travail !