Les livres constituent le support tangible de la connaissance et de la transmission des savoirs depuis la plus haute Antiquité.

Cependant, son histoire est loin d’être linéaire. Elle fut en effet soumise à de nombreuses innovations techniques qui ont permis l’émergence du livre moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Dans cet article, nous parcourrons l’histoire du livre mais aussi comment en estimer la valeur afin de constituer votre propre bibliothèque d’Alexandrie !

Histoire du livre : de sa genèse à nos jours

Le début du livre sur tablette d’argile

La première forme de livre remonte aussi loin que l’invention de l’écriture elle-même au cours du IVe millénaire avant J.-C.

Loin des ouvrages que nous feuilletons aujourd’hui, l'ancêtre du livre se présentait sous forme de tablettes d’argile encore frais sur lesquelles les scribes venaient, à l’aide d’un calame (un morceau de roseau de forme triangulaire) imprimer de petites marques caractériques de l’écriture cunéiforme.

Les tablettes ainsi obtenues étaient ensuite cuites afin de les solidifier, permettant leur préservation dans des espaces dédiés. La découverte en 1849 par Austen Henry Layard d’une importante collection de tablettes provenant de la bibliothèque royale d’Assurbanipale a notamment permis de mettre en exergue l’importance de ces écrits.

Tablette d'argile

L’apparition du papyrus et du parchemin

La création du volumen

Le premier ouvrage comparable à nos livres modernes apparaît au cours de l’Antiquité Égyptienne avec l’émergence du papyrus et la création du volumen. Ce dernier, qui par la suite donnera son nom aux “volumes” tels que nous les connaissons, consistait en un ou plusieurs rouleaux dont chaque extrémité était agrémentée d'un manche en bois permettant de le déplier.

Volumen

Avec les tablettes de cire, le volumen restera le principal support de diffusion des savoirs dans toute l’Antiquité et ce jusqu’à l’apparition du parchemin.

L’apparition du parchemin

Ce type de support composé cette fois de peau animale est supposé naître selon la légende sous l’impulsion d’Eumène II, roi de Pergame.

On intitule alors ces pages “pergamineum” à l’origine du terme “parchemin”. Sa production débute tôt dans l’Histoire, aux alentours du IIIe siècle avant J.-C. Cependant, le parchemin est loin de constituer le support majeur de l'Antiquité. Son temps de préparation et donc son coût, était en effet bien supérieur à celui du papyrus.

Le volumen antique était bien loin de présenter les mêmes avantages que le parchemin. Présenté enchâssé aux deux extrémités sur des montants de bois, la consultation de tels ouvrages était très fastidieuse. En effet, pour atteindre la fin du volumen, son déploiement complet était une condition sine qua non, ne permettant que l’entière lecture de son contenu sans possibilité de marquer un passage.

Loin d’être anecdotique, la quantité de volumina était considérable dans l’Antiquité. La seule bibliothèque d’Alexandrie contenait dans sa partie consacrée au Museion plus de 500 000 pièces et plus de 40 000 étaient quant à eux conservés au Serapeion. À Pergame, une bibliothèque fondée par Attale Ier contenait plus de 200 000 volumes ! Il faudra attendre plusieurs siècles après leurs destructions pour que, notamment dans le monde musulman comme à Bagdad, de telles collections soient de nouveau constituées.

La chute de l’Empire romain marque un tournant dans l’histoire du parchemin en Europe

En Europe, le parchemin devient la norme. Le codex, composé de cahiers de feuilles de parchemins connaît son expansion à la fin de l’Antiquité tardive. 

L’effondrement de l’Empire romain impacte directement les flux commerciaux. Le papyrus, produit essentiellement en Égypte, est de plus en plus difficile à trouver. Il est moins solide que le parchemin et est donc progressivement délaissé au profit de ce dernier et de l’utilisation du codex. 

Extrêmement coûteux, les manuscrits de la période médiévale ne sont fabriqués qu’en très petite quantité. Les meilleures bibliothèques contiennent alors quelques milliers de volumes, guère plus.

L’invention du papier par les Chinois

Inventé autour du Ier siècle en Chine, le papier bouleverse durablement la fabrication du livre.

Importé en Europe au VIIIe siècle par le biais des Arabes, il devient à la fin du Moyen Âge le support privilégié.

L'invention de l’imprimerie par Gutenberg au milieu du XVIe siècle marque également une révolution majeure dans la diffusion des écrits. Les livres se présentent alors en cahiers réunis dans une reliure de cuir, enluminés ou non.

Le livre moderne est né et à l’exception de quelques variantes ne changera presque plus jusqu’à nos jours.

Nota Bene: L’imprimerie n’est pas réellement une invention européenne. Elle naît en Chine au cours du XIe siècle, soit bien avant la naissance de Gutenberg.

Comment évaluer la valeur d’un livre ?

Si la tendance générale est à une baisse des prix des livres anciens, cet état de fait n’est pas à généraliser à l’entièreté des ouvrages présentés sur le marché de l’art.

Alors comment savoir si le livre de la bibliothèque de votre grand-mère a de la valeur ? Et pour les collectionneurs, comment bien investir en faisant l’acquisition de pièces intéressantes afin de constituer le plus bel ensemble possible ?

Manuscrit ou livres imprimés ?

Par essence, le livre a pour vocation de transmettre et l’invention de l’imprimerie, d’abord en Chine puis en Europe à partir du XVIe siècle, a largement facilité la diffusion des livres.

Mais puisque l’impression consiste précisément à reproduire en plusieurs exemplaires un même ouvrage, il est clair qu’une distinction doit être opérée entre manuscrits et livres imprimés car leur rareté est très différente.

Ainsi, bien qu’un livre imprimé puisse présenter une valeur bien plus conséquente qu’un manuscrit de faible intérêt, ces derniers tendent à se vendre majoritairement plus cher.

Notez que les livres les plus chers du monde sont tous des manuscrits :

Le Codex Leicester, l’un des rares manuscrits de Léonard de Vinci a été acquis en 1994 pour plus de 30 millions de dollars par Bill Gates. Sa valeur atteindrait aujourd’hui plus de 50 millions de dollars.

Codex Leicester

Le Codex Sassoon, une bible hébraïque datant du IXe siècle, a été vendu chez Sotheby’s plus de 38 millions de dollars.

Codex Sassoon

La copie de la Magna Carta a été acquise en 2007 aux enchères pour la coquette somme de 20,1 millions d’euros.

Magna Carta - Copie acquise en 2007

L’édition et la date de publication : deux éléments majeurs pour estimer un livre

Manuscrit ou livre imprimé, l’édition ou la date de fabrication d’un livre est essentielle pour déterminer sa valeur. 

Une édition originale est toujours la plus recherchée sauf exceptions liées à des annotations ou illustrations très spécifiques (mais ce genre de cas reste infiniment rare). 

La plupart des livres imprimés annoncent en frontispice l’année d’édition.

Plus celle-ci est ancienne et plus elle est susceptible de présenter un certain intérêt. N’oubliez pas cependant que même ancien, un livre qui aurait été énormément édité aurait une valeur qui s’en trouverait d’autant plus réduite.

Le marché de l’art est un MARCHE ! L’offre et la demande, voilà qui est avant toute autre chose, la clé pour comprendre les échelles de prix.

Le thème et l’auteur constituent une part non négligeable de la valeur d’un ouvrage

Même ancien, un livre n’est pas toujours recherché. Avant d’acheter une reliure, le bibliophile achète un contenu, un savoir, une histoire. Plus le thème abordé est susceptible d’intéresser de nombreux amateurs, plus le prix risque de s’envoler.

Autrement dit, le thème du livre que vous possédez est essentiel, c’est même au-delà de l’année d’édition le premier critère de valeur.

Les thèmes boudés par les acquéreurs

Aujourd’hui les acheteurs délaissent le plus souvent les ouvrages à sujet religieux.

Exit les bibles et autres missels : gardez - les pour votre spiritualité ou pour la décoration - à l’exception d’éditions particulièrement anciennes, il est très peu probable que ce type d’ouvrage présente une valeur conséquente. 

Il en va de même pour les livres de morale : notre temps en manque sans doute, certes, mais les sermons font rarement recette !

Les dictionnaires et encyclopédies, les livres brochés de faible qualité, les éditions extrêmement courantes sont eux aussi particulièrement boudés par les acheteurs.

Les thèmes qui intéressent le plus les bibliophiles

À l’inverse, les thèmes les plus plébiscités actuellement sont :

  • les éditions originales de classiques
  • la littérature de voyage
  • la documentation rare.

Avant de précipiter au feu la bibliothèque de mamie, prenez le temps d’examiner vos reliures, et surtout aucune décision hâtive en la matière : ce n’est pas parce qu’un thème vous semble obsolète qu’il le sera pour tous.

Renseignez-vous !

La qualité de la reliure nécessite une attention particulière

À bien des égards, certains livres présentent une valeur pour une raison plus insoupçonnée que le contenu de ses pages : sa reliure.

Si la plupart des ouvrages ont été reliés de façon totalement standardisée en fonction de l’époque, il existe des exceptions. Les reliures d’art qu’elles soient anciennes ou récentes peuvent constituer de véritables chefs-d’œuvre.

Les matériaux les plus divers ont été utilisés dans l’Histoire afin d'enchâsser dans les plus belles couvertures les textes de valeur. 

Soyez donc particulièrement attentif à ce point qui pourrait paraître anecdotique. Même récente, une reliure d’un grand artisan d’art peut présenter un intérêt plus important encore que le contenu du livre lui-même.

Reliure

L’état de conservation : un livre en bon état est un indispensable

Comme pour toute antiquité, tout objet d’art, les livres en mauvais état présentent le plus souvent une faible valeur.

La restauration est toujours possible pour les pièces les plus intéressantes mais ces interventions coûtent cher. 

Les livres par leur vocation d’usage sont souvent malmenés par leurs propriétaires. Les dommages les plus courants se trouvent au niveau de la coiffe (partie haute du dos d’un livre), sur les plats (souvent caractérisés par d’importantes usures) et sur les coins (émoussés suite à de trop nombreux frottements). 

C’est sur ces parties que votre attention doit se porter en premier. 

Un ouvrage se doit d'être complet

Vérifiez toujours que l’ouvrage est bien complet. Des esprits faibles ont souvent découpé les parties les plus décoratives ou intéressantes afin de vendre en pièces détachées des livres anciens. Cartes, plans et gravures ont souvent fait les frais de tels comportements.

Soyez attentifs et observez bien l’intérieur du livre afin de déceler d’éventuels manques souvent repérables par le reste d’une marge à l’intérieur du cahier. 

Qualité des pages et des illustrations

Un livre ancien, qu'il soit un support de parchemin ou de papier, est plus difficile à conserver qu’il n’y paraît.

Voici 3 éléments sur lesquels vous devriez porter votre attention :

1. La couleur et l'intensité

Très sensibles à la lumière, les illustrations peuvent subir pleinement le vieillissement du support en perdant progressivement leurs couleurs et leur intensité. 

2. Les rousseurs

Des rousseurs peuvent également apparaître, souvent liées à l’acidité du papier. On parle parfois de « maladie du livre ».

3. Une mauvaise impression

Une mauvaise impression peut aussi être trahie par le vieillissement.

Prêtez attention à ces détails afin d’éviter une mauvaise acquisition ou de les prendre en compte pour l’estimation de votre bien.

Une bibliothèque semble inerte. Mais comme tout objet, le livre a besoin de soins et de précaution afin de maximiser sa conservation.

Nous vous proposons de cliquer sur le lien ci-dessous afin d’avoir accès à un guide complet vous prodiguant des conseils inédits sur l’entretien de vos reliures.

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Rechercher la rareté ou les éditions limitées

Le tout ‘tout de suite’ à faible coût a eu raison des bibliothèques d’intérieur

Aujourd’hui la tendance est à un appauvrissement des intérieurs. Pire encore, un appauvrissement dans le choix des reliures qui composent les bibliothèques.

Livres de poche fabriqués en série, matériaux d’une pauvreté affligeante, faits à la va-vite afin de coûter le moins cher possible : le désir du tout "tout de suite" pour un faible prix a eu raison des superbes reliures qui pouvaient durer des siècles.

Comment évaluer la valeur d’un livre ? L'état de sa reliure

Constituer une bibliothèque revient à faire des choix

Le livre prend de la place et il est lourd lorsqu'il est entreposé en quantité. Un choix rigoureux est nécessaire pour constituer une collection durable et d’intérêt.

Si vous avez hérité d’une collection de livres, concentrez vos recherches sur les pièces rares, dont les reliures sont anciennes et en bon état, abordant des thèmes plébiscités comme vu précédemment.

Portez une attention toute particulière aux manuscrits et d’autant plus s’ils sont enluminés. C’est encore la meilleure façon de procéder afin de peut-être découvrir un trésor insoupçonné.

Enluminure

Comment faire expertiser un livre ?

Faire appel à un commissaire-priseur

Comme toujours le recours à un commissaire-priseur reste la voie à privilégier afin d’obtenir l’estimation d’un livre.

Rares sont ceux qui présentent aujourd’hui une valeur considérable. Le commissaire-priseur pourra directement faire le tri parmi vos ouvrages afin de mettre en exergue ceux qui sont susceptibles de présenter la plus grande valeur.

Le recours pour votre compte à un expert en bibliophilie pourra être nécessaire dans le cas d’éditions très particulières ou pour des pièces d’un intérêt majeur.

Utiliser les plateformes en ligne spécialisées

Le monde de la bibliophilie est moins restreint que l’on pourrait l’imaginer mais il est incontestablement vieillissant.

De nombreuses plateformes en ligne existent, certaines proposant des estimations sur photos. Cependant rien ne remplacera jamais l’avis d’experts du marché de l’art.

Afin de déterminer si votre collection ou si votre ouvrage peut présenter une valeur particulière, n'hésitez pas à nous faire suivre vos demandes.

Conseils pour vendre un livre après estimation

Où vendre un livre ancien ou rare ?

Les livres les plus communs sont difficiles à vendre.

Nous vous conseillons de privilégier les ventes de gré à gré pour les pièces dont la cote n’excède pas une centaine d’euros. Par exemple, vous pourriez utiliser des plateformes comme le Bon Coin ou encore eBay. 

Pour les pièces les plus rares, tant par leur édition que par la qualité de leur reliure, nous vous conseillons plutôt de faire appel à un commissaire-priseur qui pourra intégrer votre bien au sein d’une vente spécialisée afin d’en obtenir le meilleur prix.

Contactez-nous pour que nous puissions vous aiguiller vers la technique de vente la plus adéquate.

Conclusion

Le monde du livre est un univers passionnant. Vieillissant ? Sans doute ! Mais loin d’avoir dit son dernier mot.

Il n’est pas de bon collectionneur sans belle bibliothèque.

Arthesium s’engage non pas seulement dans la transmission de la connaissance des objets d’art et de la collection en général mais aussi dans la promotion de la beauté et de l’élégance sous toutes ses formes.

Aussi nous vous encourageons à vous intéresser à ce domaine afin de mettre un terme à l'appauvrissement progressif des intérieurs modernes.