Le Classicisme : un art de la mesure et de la raison
Le Classicisme est à bien des égards une continuité plus qu’une création ex-nihilo. Au fond son nom est transparent : un retour aux canons classiques de l’Antiquité avec cependant des apports typiques des XVIIe et XVIIIe siècle.
Un mélange ou une adaptation ? Sans doute un peu des deux mais son existence entière a profondément marqué son temps.

Plus que cela, le mouvement a été le terreau fertile d’une opposition décorative, le style rocaille, qui cohabitera tant bien que mal avec ce Classicisme français qui s’étendra à toute l’Europe jusqu’au XIXe siècle.
Plus que d’en donner les lignes directrices, cet article vous donnera les clés de compréhension essentielles, une analyse plus qu’une simple définition – en somme tout le nécessaire pour aller au-delà de la simple connaissance scolaire de ce mouvement.
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Qu’est-ce que le Classicisme ?
Définition du Classicisme
Le Classicisme est un mouvement artistique s’étendant à l’ensemble des disciplines, aussi bien en peinture, sculpture, architecture, qu’en musique et en littérature.
Ses prémices sont traditionnellement situées en Italie, dans la continuité des apports de la Renaissance mais en semi-rupture avec le Baroque que nous avons déjà abordé dans un précédent article.
Il naît au XVIIe siècle d’abord fondé sur les perceptions d’artistes italiens majeurs avec pour chef de file Nicolas Poussin avant de s’étendre en particulier en France où ses principes sont fixés sous l’impulsion des commandes d’État et des Académies.
On oublie souvent de considérer les raisons d’être de la naissance d’un mouvement croyant parfois que l’histoire de l’art passe d’une influence à une autre par pure mode. En réalité, la naissance d’un mouvement se fait le plus souvent en réaction au précédent.
Le Classicisme ne fait pas exception à cette règle, il en est même la parfaite illustration : prônant un retour aux règles classiques de l’Antiquité, aux proportions harmonieuses et à la pureté des lignes et des décors, le mouvement est fondé sur des règles rigoureuses.

Il s’oppose en cela, au mouvement Baroque où les courbes et contre courbes sont la norme et où la théâtralité et l’exubérance décorative visent à impressionner sous le poids de la surcharge.
En architecture comme en peinture et en sculpture, le Classicisme reprend à son compte les canons de l’Antiquité Gréco-romaine et c’est souvent au service du pouvoir royal qu’il s’épanouit en particulier en France sous l’impulsion de Louis XIII et surtout sous Louis XIV.
Les origines du classicisme
Une naissance française sous le règne de Louis XIII et Louis XIV
Nombre de sites évoquent une naissance du Classicisme à la fin du XVIe siècle. Non seulement cette affirmation est fausse mais elle tend à confondre les mouvements entre eux.
Or ce n’est pas parce qu’une peinture s’inspire de l’Antiquité qu’elle se rattache automatiquement au classicisme – à ce compte-là autant considérer que ce dernier remonte tout entier au début de la Renaissance Italienne…
Que des prémices puissent être perçues avant le XVIe siècle, c’est possible, c’est le cas de tout mouvement car aucun ne naît sans précédent. Mais de là à affirmer que ces prémices font office de naissance certainement pas.
Remettons donc ce mouvement à sa juste place : le Classicisme naît réellement au XVIIe siècle en France sous le règne de Louis XIII et se développe considérablement sous Louis XIV. Il ne s’achèvera dans les faits qu’au début du XIXe siècle.
Nota bene: Il est convenu en histoire de l’art de qualifier de “néoclassiques” les œuvres conçues entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. L’utilisation de ce terme n’est à mon sens pas adéquate: il impliquerait qu’entre-temps un mouvement aurait mis fin à l’existence du Classicisme avant que l’on y revienne… Mais de très nombreux exemples démontrent que le Classicisme n’a jamais réellement pris fin au XVIIIe siècle : ni en architecture, ni en sculpture, ni en peinture d’ailleurs !
La naissance française du Classicisme ne fait pas de doute : ce mouvement est en définitive intimement lié à la monarchie – à ses commandes, à sa vision.
C’est également un art institutionnalisé profondément marqué par des règles établies sous l’égide des Académies royales comme on le verra ensuite. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son développement coïncide avec le règne de Louis XIV.

Un terme aux connotations idéalisées dès son origine
Le terme de “Classicisme” n’existait pas à l’époque de son développement. Il ne fut employé que bien plus tard et pour la première fois par Stendhal en 1823 dans “Racine et Shakespeare” pour qualifier les œuvres s’inspirant de l’art antique.
Parallèlement le terme a longtemps désigné les auteurs dits “classiques” autrement dit ceux considérés comme faisant partie de l’âge d’or de la littérature française dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Au-delà de la simple inspiration de l’Antiquité, le Classicisme est aussi une doctrine fondée sur des valeurs morales “idéales” – celles de l’homme honnête et de l’harmonie de la cité qu’il doit habiter.
Dès lors le terme de Classicisme évoque donc plus qu’une réinterprétation de l’Antiquité, mais un idéal s’inspirant à la fois des Anciens et également de la nature dans un strict ensemble de règles parmi lesquelles figurent sans doute en tête, les justes proportions (notamment théorisées par Vitruve).
Entre héritage antique et réaction au baroque
Que le Classicisme soit un mouvement qui reprend les codes de l’Antiquité, tout comme l’avait fait en son temps la Renaissance, ne fait aucun doute.
Pour autant, le mouvement ne naît pas ex nihilo. Il est une réaction au Baroque que les historiens postérieurs au mouvement se sont fait fort de séparer (parfois à tort) du Classicisme.
Les deux mouvements sont en effet opposés sur bien des points :
L’exubérance décorative érigée en modèle par les artistes baroques contrevient à la règle de la pureté antique et de ses lignes régulières répondant à des proportions pré établies.
En peinture, la règle classique est la représentation de mythes et d’histoires antiques, dans tous les domaines y compris paradoxalement dans le cadre religieux. La lumière n’est plus mise en scène, l’observation de la nature prime sur la démonstration de puissance et l’exacerbation des sentiments.
En somme, le Classicisme opère un retour à une pureté “à l’Antique” débarrassée des exubérances de la période baroque.
Nota bene: Ce retour ne se fait pas sans réaction. À la rigueur prônée par le Classicisme s’opposera bientôt le style rocaille à l’origine d’une vive controverse entre artistes. D’un côté les partisans d’un style épuré inspiré de l’Antique et de l’autre, les partisans d’un horror vacui ornemental où feuilles d’acanthes, volutes et autres feuillages entremêlés participent de l’expression du faste de la période Louis XV.
Les caractéristiques du Classicisme
Un art fondé sur l’ordre, la clarté et la raison
L’équilibre formel : unité, mesure, sobriété
Les règles régissant le Classicisme étaient perçues comme le reflet d’un ordre universel, de l’harmonie et de la perfection.
Architecture
Les architectes et les théoriciens du Classicisme, comme Vitruve dans l’Antiquité, ont cherché à codifier ces principes, qui ont ensuite été réintroduits pendant la Renaissance et adaptés au XVIIe siècle en France.
Les proportions notamment en architecture étaient primordiales. Suivant les recommandations des Anciens, les élévations devaient être bâties en se fondant sur des systèmes modulaires, souvent en utilisant le diamètre d’une colonne comme unité de mesure de base.
Ainsi étaient déterminées les dimensions de l’ensemble du bâtiment, y compris la hauteur des colonnes, leur espacement ou encore la taille des entablements. À cela s’ajoutait le respect scrupuleux des ordres architecturaux afin d’éviter toute surcharge décorative.
Nota Bene: L’exemple de la colonnade du Louvre est édifiant sur ce point. Œuvre souvent attribuée à Claude Perrault (1613-1688), en réalité plutôt le fruit de divers plans d’architectes en particulier Louis Le Vau et Charles Le Brun, elle est construite entre 1667 et 1670. Si, en France il s’agit bien d’un des exemples les plus représentatifs du style classique en architecture, ses doubles colonnes furent l’objet de critiques lors de sa réception car elles ne respectaient pas l’ordonnancement antique.

On notera également que ce projet fut préféré à celui du Bernin, plus baroque, plus italien aussi il faut bien l’avouer, ce qui ne manquera pas de créer la controverse. Le célèbre artiste italien était en effet déjà particulièrement connu et sollicité à l’époque (et peu habitué à être évincé).
Sculpture et peinture
En matière de sculpture et de peinture, l’idéal de beauté restait la recherche prégnante des artistes: tout en s’inspirant de la nature, la figure humaine était magnifiée par des règles de proportions strictes toujours basées sur les enseignements des Anciens.
Le canon, cette formule mathématique permettant de calculer les proportions parfaites notamment mises au point par le sculpteur grec Polyclète, était notamment très utilisé pour les figures humaines.
Aussi la tête des personnages ne devait-elle pas excéder les 1/8ème de la hauteur du corps – un concept repris et popularisé par Léonard de Vinci et son “Homme de Vitruve”.

L’idéal de l’honnête homme et de la bienséance
Raison, mesure et clarté sont aussi bien les maîtres mots des artistes classiques, que la norme prônée en société.
De la même manière que l’architecture, la peinture et la sculpture sont régies par des règles mathématiques de perfection (la raison), le gentilhomme fonde sa bienséance sur un comportement juste et mesuré loin des excès baroques, du libertinage – au fond loin de l’irrationalité et des pulsions.
Loin de se limiter à l’art, le courant traverse la société et la façonne en profondeur dans son environnement, ses rapports sociaux, sa hiérarchie.
L’universel contre l’individuel, la norme contre l’excès
La bienséance est vue comme le fondement d’une société paisible dans une cité régie par l’ordre. Réfréner ses pulsions, ses excès au profit de la raison c’est garantir l’équilibre entre tous, l’universel contre les comportements individuels nuisibles que par nature l’Homme est enclin à suivre.
C’est aussi se rapprocher d’un idéal de civilisation et de s’éloigner plus que par le simple costume de la condition animale et des instincts primaires au profit d’une pensée plus mesurée. Au fond, le Classicisme est bel et bien la recherche d’un idéal commun.
Un art structuré par les institutions
Le rôle central des Académies
Ceux qui ont écrit sur le Classicisme sans évoquer le rôle prégnant des académies et du pouvoir royal ne peuvent avoir compris les raisons d’être de ces règles.
C’est en effet dans l’Absolutisme que se développe ce courant artistique, dans son exaltation du pouvoir royal par le biais d’institutions centralisées toutes entières consacrées aux volontés artistiques du roi.
L’Académie royale a joué en cela un rôle essentiel dans le développement du Classicisme en France en institutionnalisant et en réglementant les arts et la littérature, alignant ses principes sur les idéaux de l’absolutisme royal. Elle a servi d’outil pour le pouvoir centralisé afin de promouvoir un style artistique qui reflète l’ordre, la raison, la clarté et l’équilibre.
Le terme « Académie royale » fait référence à plusieurs institutions, chacune avec son domaine d’influence. Celles qui eurent le plus d’impact sur les artistes classiques furent :
L’Académie française

Fondée en 1635, l’Académie française avait pour rôle de « fixer et d’épurer » la langue française. Elle a travaillé à la normalisation de la langue à travers l’élaboration d’un dictionnaire, d’une grammaire et d’une rhétorique, ce qui a encouragé un style d’écriture clair, précis et rationnel, des principes fondamentaux du classicisme littéraire.
L’Académie royale de peinture et de sculpture
Fondée en 1648 sous la direction de Charles Le Brun, l’Académie royale de peinture et de sculpture établit une doctrine artistique basée sur la raison et l’imitation des Anciens.
L’Académie a mis en place une hiérarchie des genres qui plaçait la peinture d’histoire (représentant des sujets nobles de l’histoire et de la mythologie) au sommet, tandis que les paysages et les natures mortes étaient considérés comme des genres inférieurs.
Elle a aussi créé un système d’enseignement et d’expositions par le biais des fameux Salons qui a permis de contrôler la production artistique et de promouvoir le style académique. Il faut cependant noter que la frontière fut parfois mince entre peinture classique et peinture baroque.
Aussi Charles Le Brun se trouve-t-il lui-même à mi-chemin entre les deux mouvements.
L’Académie royale d’architecture

Fondée en 1671, l’Académie royale d’architecture a codifié les règles de l’architecture classique, basées sur l’héritage gréco-romain.
Elle a contribué à la promotion de l’ordre, de la symétrie dans les constructions, des caractéristiques visibles dans les grands projets royaux comme pour la colonnade du Louvre précédemment évoquée ou exemple plus célèbre encore, pour le château de Versailles.
L’influence des académies a débuté dès 1635 avec la création de l’Académie Française. Si elles se sont bien multipliées sous le règne de Louis XIV y compris lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, c’est bien Richelieu qui en lança les prémices.
En grand homme d’État et stratège qu’il fut au service de Louis XIII, le cardinal avait bien compris l’intérêt d’exercer le contrôle de la langue au propre comme au figuré d’ailleurs…
Les académies ont souvent été critiquées pour leur rigidité, leur manque de vision. Cependant, ce reproche ne fait que mettre en exergue leur raison même d’exister: sélectionner, codifier, transmettre un héritage classique issu d’expérimentations artistiques millénaires afin de les mettre au service du pouvoir royal.
Par le biais des Salons, seules et uniques expositions d’art officielles, les académies s’assuraient du bon suivi des principes édictés par elle, sous contrôle du pouvoir royal.

Elles étaient aussi le lieu de sélection et de légitimation des artistes puisque sculpteurs, architectes et peintres devaient en être membre pour y exposer.
De la validation de leurs œuvres dépendait leur reconnaissance ce qui fondait la perspective de futures commandes royales. Les œuvres qui étaient jugées déviantes étaient tout simplement refusées.
Si à l’origine le Classicisme n’est peut-être pas né de la seule volonté de glorifier le pouvoir royal, il finit par devenir un mouvement profondément lié à la monarchie puisque c’est sur elle que reposait l’avenir des artistes acceptés ou refusés à l’issue des Salons.
Une esthétique inspirée de l’Antiquité
Imitation des Anciens, sans servilité
Concept clé du Classicisme, l’imitation des Anciens sans servilité est peut-être la nuance majeure à la rigidité reprochée parfois au modèle classique.
Certes c’est par l’inspiration de l’Antiquité que les artistes devaient produire des œuvres : mais loin d’une simple imitation, les artistes classiques prônaient plutôt un art loin de la copie. Les productions devaient être nouvelles, créées à partir de références antiques en en préservant l’essence afin de renouveler les représentations et les adapter aux canons de la période.
À ce concept était aussi associé le principe d’émulation car l’imitation ne visait pas à faire aussi bien mais à faire mieux que les Anciens ! Inspiration et imitation ne sont pas copie – toute la nuance réside dans ces quelques mots.
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Les grands artistes et œuvres du Classicisme
Les artistes majeurs du Classicisme
Nicolas Poussin (1594–1665)
Nicolas Poussin né en 1594 et mort 1665 est considéré comme le chef de file du Classicisme français et ce, bien qu’il ait passé la majeure partie de sa vie à Rome.

Son œuvre, profondément influencée par l’Antiquité et la Renaissance, se distingue par sa rigueur, son intellectualisme et son sens de la composition.
Charles Le Brun (1619–1690)
Charles Le Brun né en 1619 et mort en 1690 fut à la fois peintre et décorateur.

Figure emblématique de la politique artistique de Louis XIV, il est nommé directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663 puis devient premier peintre du roi ou comme on peut le lire sur son brevet retenu « en l’état et charge de son premier peintre » le 1er juillet 1664.
En tant que tel il joua un rôle crucial dans la définition et la diffusion du style classique en France avec pour œuvre majeure le plafond de la célèbre Galerie des Glaces de Versailles.
Molière (1622–1673)
Jean-Baptiste Poquelin dit Molière né en 1622 et mort en 1673 est un dramaturge, comédien et chef de troupe, figure majeure de la comédie française au XVIIe siècle.
Son œuvre est profondément enracinée dans les principes du Classicisme. Il utilise la comédie pour observer et critiquer les mœurs de son temps, tout en respectant les règles et les idéaux de son époque.

Molière s’inspire de la comédie antique, notamment des œuvres de Plaute et de Térence.
Ses pièces respectent (pour la plupart) la règle de la bienséance, bien qu’il n’hésite pas à la contourner avec audace, parfois avec un succès mitigé. Elles respectent également la règle des trois unités (temps, lieu, action) à quelques exceptions près.
Jules Hardouin-Mansart (1646–1708)
Jules Hardouin-Mansart né en 1646 et mort en 1708 est un architecte français, figure de proue du classicisme sous le règne de Louis XIV.
Lui-même petit-fils de l’un des grands architectes classiques de la période, François Mansart, il est surtout connu pour ses réalisations au château de Versailles et à Paris. En 1675, il est nommé premier architecte du roi et succède ainsi à Le Vau.

Il est sans doute l’architecte français le plus célèbre de son temps ! Il conçut notamment la place des Victoires et la place Vendôme et fut à l’origine des plans de la Galerie des Glaces, de l’Orangerie mais aussi d’un point de vue plus général du style Versaillais de la seconde partie du règne du Roi Soleil.
François Girardon (1628-1715)
François Girardon (1628-1715) est l’un des sculpteurs les plus représentatifs du classicisme sous le règne de Louis XIV.

Après son retour de Rome, il consacre son talent au service de la monarchie, travaillant sur les plus grands chantiers du royaume, notamment au château de Versailles. Son style, qui allie la maîtrise technique à une recherche d’idéalisation et d’harmonie, est emblématique de son époque.
Les chefs-d’œuvre du classicisme
Poussin, Les Bergers d’Arcadie

Peint vers 1638, ce tableau est un véritable manifeste du Classicisme.
La scène est inspirée de l’Antiquité, référence à l’Arcadie, ce territoire synonyme d’utopie en grec. Un groupe de bergers découvre une tombe sur laquelle on peut lire l’inscription « Et in Arcadia ego » soit “moi aussi je suis en Arcadie”.
La composition se veut claire, sans artifices ni lumière artificielle. La clarté est naturelle, les lignes de la composition suivent une géométrie précise avec des axes orientant le spectateur vers le centre du tableau.
Enfin l’œuvre se veut éminemment intellectuelle: par sa référence à l’Antique d’abord mais aussi par sa portée. Car c’est le thème de la mort qui est abordée ici: universelle, cette dernière s’abat même sur territoire idyllique, rappel s’il en est de notre condition de mortel et de notre devoir d’humilité face à notre inéluctable destinée.
Versailles, un modèle d’architecture classique (1660-1710)

Construit de 1660 à 1710 sous la direction de plusieurs architectes, Louis Le Vau et Jules Hardouin-Mansart pour les élévations, André le Nôtre pour les jardins, le château se veut être un modèle d’harmonie et de clarté autant dans son architecture extérieure qu’intérieure.
La longue façade donnant sur les jardins est rythmée par une série de colonnes et de pilastres. Tout en longueur la toiture plate est dissimulée par une balustrade ponctuée de pots à feu et groupes sculptés. La disposition intérieure participe de l’effet de grandeur par l’importance donnée à la lumière avec pour point d’orgue la fameuse galerie de Glaces dont les miroirs réfléchissent les rayons du soleil pour illuminer sa surface.
Dans les jardins, les parterres et lignes directrices suivent un ordonnancement d’une parfaite géométrie anticipant même les déformations liées à la perspective.
Tout dans cet immense édifice célèbre la puissance du Roi et ce faisant, de l’État. L’architecture comme symbole de la raison que suit le monarque pour bien gouverner.
Le Dôme des Invalides (1677-1708) de Jules Hardouin-Mansart

Chef-d’œuvre de la fin du XVIIe siècle construit entre 1677 et 1706, le Dôme des Invalides est aussi très représentatif de l’architecture classique.
Inspiré du dôme couvrant le Panthéon à Rome, et reprenant les formes antiques des frontons triangulaires et des colonnes corinthiennes, la construction se veut également un modèle de proportions.
Ainsi, son large dôme est parfaitement proportionné à sa base et toujours dans un souci de clarté dans la lecture des élévations, les façades et le dôme central adoptent un style rythmé sans surcharge décorative à l’exception des dorures notamment sur les plombages.
Le groupe d’Apollon servi par les Nymphes (1666-1675) de François Girardon

Réalisé par François Girardon entre 1666 et 1675, le groupe sculpté d’Apollon, servi par les Nymphes, est considéré comme l’une des plus importantes œuvres statuaires de la période.
Tout dans sa composition, sa représentation, sa portée et ses inspirations correspondent aux canons du Classicisme.
Sa composition est ordonnée, claire et parfaitement lisible, le traitement des figures ne cherche pas à copier la nature mais à la magnifier en idéalisant les corps représentés et les visages.
Apparenté tout au long de son règne au soleil dont Apollon est la figure majeure dans l’Antiquité, Louis XIV est ainsi personnifié en Dieu de la lumière et des arts entouré de ses nymphes. De ce modèle de pureté se dégage un symbole clair : la monarchie apporte la lumière.
Apollon est au centre se reposant après sa course solaire ayant illuminé le monde. Conformément au mythe antique, il est ici soigné par les nymphes de Thétis, la déesse de la mer.
De la sérénité qui se dégage de cette scène est ainsi exprimée l’idée selon laquelle le roi gouverne avec tempérance, calme et stabilité au profit du royaume. Par ailleurs, détail caché mais croustillant, le décor de l’aiguière tenue par l’une des nymphes arbore un décor au sens caché pour le non initié: le passage du Rhin.
Or il s’agit d’une allusion directe au franchissement du fleuve par l’armée royale le 12 juin 1672 après la déclaration de guerre à la Hollande prononcée la même année par Louis XIV. Une ode à la gloire de la monarchie absolue en somme.
Nota Bene: Prévu autrefois pour orner la magnifique grotte de Thétys à Versailles détruite en 1684 afin d’y construire l’Aile du Nord, le groupe fut déplacé dans le Bosquet des Bains d’Apollon conçu par l’architecte Hubert Robert dans un style très différent de son lieu d’origine.
Les statues qui sont aujourd’hui présentées dans le jardin ne sont que de simples copies : les originaux sont présentés à l’abri des intempéries au sein de la Rotonde de la Petite Écurie à Versailles.
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L’influence et les prolongements du Classicisme
Une influence européenne
L’influence du Classicisme en Europe fut considérable.
Si le mouvement est à l’origine essentiellement français, il tend à se répandre dans tous les pays avoisinants. Subjugués par la beauté de Versailles et l’excellence des artistes français de la période, les cours européennes se mettent, elles aussi, à imiter l’art français.
- En architecture, les palais adoptent des façades plus régulières proches des élévations côté jardin du château du Roi Soleil. Les places publiques qui font l’admiration du monde entier sont elles aussi reproduites.
- En sculpture et en peinture s’exporte également le modèle classique au point d’aboutir à un mouvement dans la droite lignée de ce dernier, le Néoclassicisme.
- La littérature et la musique ne sont pas en reste et sont encore aujourd’hui prises pour modèles.
L’influence de ce mouvement fut à ce point grande que l’on alla jusqu’à reproduire la célèbre Galerie des Glaces et une partie de ses jardins au château de Herrenchiemsee.

Ce rayonnement est encore perceptible et certains architectes prônent d’ailleurs un retour à ces élévations harmonieuses qui ont fait la gloire du Grand Siècle.
Du classicisme au néoclassicisme au XVIIIe siècle
Sur le plan des mouvements artistiques, le classicisme est l’ancêtre direct du néoclassicisme que l’on situe entre la seconde moitié du XVIIIe et le début du XIXe siècle.
En vérité, comme expliqué plus haut, cette séparation n’est peut-être pas des plus judicieuses. Elle a le mérite de scinder les époques mais elle reste à mon sens très arbitraire.
Le néoclassicisme va suivre avec soin les enseignements des Anciens, de l’Antiquité comme du Grand Siècle d’ailleurs et ce jusque très tardivement au XIXe siècle bien que d’autres styles aient aussi cohabité.

Cette affirmation est aussi vraie sur le plan formel qu’institutionnel. Car la période est aussi celle de l’Académisme dont les bases furent jetées dès le XVIIe siècle comme on l’a vu pour ne s’achever qu’à la fin de la période industrielle.
Le modèle a donc durablement influencé la production artistique sans pour autant se cantonner strictement à l’inspiration de l’Antiquité prônée par le Classicisme.
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Conclusion
On critique parfois le Classicisme pour sa rigueur, son manque d’ouverture en le réduisant même à un mouvement Académique qui aurait scellé les initiatives artistiques.
Si cette critique peut être entendue, c’est bien vite oublier que ce mouvement fut également à l’origine du rayonnement français par sa recherche de l’excellence, par son idéal de beauté qui a jeté les bases d’une architecture somptueuse à Paris comme en région.
Au-delà des formes artistiques, le classicisme a fait naître incontestablement une certaine vision du monde. Il a promu un idéal de l’honnête homme, de l’équilibre et de la maîtrise de soi.
Que son influence ait été si conséquente n’est pas dû au hasard et ceux qui le prétendent sont soit de mauvaise foi, soit ignorants de ce qui provoque l’admiration du public et ce, de façon universelle: l’équilibre, le sens des proportions qui flatte l’œil humain, la recherche d’un idéal que l’art devrait toujours s’évertuer à poursuivre.
Aussi cher lecteur, je ne saurais que trop vous pousser à en faire autant, à défendre le beau et l’authentique contre vents et marées, non pas dans une vision passéiste, mais dans une recherche constante d’un idéal.
N’est-il pas encore possible de rêver ?
